Les futurs drones tactiques de l’armée de Terre seront (aussi) armés

Quand, en septembre dernier, il fut annoncé que la France allait se doter de drones armés, l’on pensait que cette décision ne concernerait que les MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air. D’autant plus que la communication du ministère des Armées ne porta que sur ces derniers. Mais l’armée de Terre sera également concernée.

Actuellement, le 61e Régiment d’Artillerie met en oeuvre des systèmes de drones tactiques intérimaires (SDTI), lesquels, avec leurs capacités limitées, ont fait leur temps. D’où le choix, pour les remplacer, du drone Patroller, présenté par Sagem, aux dépens du Watchkeeper de Thales UK, qui longtemps favori.

Lors de cette annonce, il n’était nullement question d’armer ces futurs drones tactiques, dont les performances peuvent, par certains côtés, les classer dans la catégorie MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), comme les Reaper de l’armée de l’Air.

À l’époque, c’est à dire en janvier 2016, le ministère de la Défense avait justifié la commande de 14 Patroller en soulignant leur performances « accrues en termes d’endurance, de qualité des images produites et d’empreinte logistique. » En outre, leur capacité de recherche promettait d’être « plus efficace » grâce à une « une approche multi-capteurs. »

Le futur système de drones tactiques ( SDT) « aura une capacité d’emport simultané de deux charges utiles optique/infrarouge/laser et radar dans un premier temps, une charge utile de guerre électronique pouvant dans un second temps se substituer au radar) », précisait encore le ministère de la Défense, sans jamais évoquer une capacité d’emport d’armements.

De son côté, Sagem indiquait, lors de la signature de la commande, que la « conception modulaire » du Patroller lui permettait « l’emport et l’exploitation d’une charge de renseignement multi-capteurs de plus de 250 kg en cellule ou en nacelles (optronique, radar et guerre électronique) pour des vols de classe 20 heures et jusqu’à une altitude de 20 000 pieds. » Mais là encore, d’armement, il n’en était pas question. Pas plus d’ailleurs que dans la fiche de présentation de cet appareil.

Pourtant, le Patroller aurait la capacité d’emporter deux Missiles Moyenne Portée (MMP), conçus par MBDA ainsi que des roquettes guidées laser. Étant que l’armée de l’Air pourra armer ses Reaper, pour l’armée de Terre ne pourrait-elle pas en faire autant?

Lors de son audition par la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, Mme le ministre des Armées, Florence Parly, a répondu à cette question alors qu’elle était interrogée sur les Reaper.

« Vous m’avez […] interrogée sur les drones armés. Nous commanderons mi-2018 des Reaper. En préalable à cette commande, nous avons demandé début octobre aux États-Unis de pouvoir armer ces drones. Par ailleurs, j’ai rappelé à mon homologue, le général Mattis, la nécessité d’instruire rapidement cette demande afin que nous puissions en bénéficier de cette commande le plus rapidement possible », a dit Mme Parly.

Et d’ajouter : « Même si aujourd’hui notre priorité reste le Reaper, nous avons également l’intention d’armer les drones Patroller. »

Pour rappel, le Patroller est le fruit d’une coopération franco-allemande puisqu’il a été conçu à partir de la cellule du motoplanneur allemand Stemme S-15. En outre, il disposera du radar PicoSAR AESA, fourni par l’italien Leonardo.

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