En liaison avec l’Otan, l’Union européenne veut faciliter les mouvements de troupes entre les États membres

L’anecdote a récemment été rapportée par le site spécialisé Defense One : lors de manoeuvres récentes, un escadron du 2nd Cavalry Regiment de l’US Army, parti de Roumanie, s’était retrouvé bloqué à la frontière bulgare pour une raison administrative. « Nous nous sommes assis dans nos Strykers pendant une heure et demie au soleil, attendant que les gars tamponnent manuellement les papiers », a ainsi raconté le colonel Patrick Ellis.

D’où d’ailleurs l’appel du général Ben Hodges, le commandant de l’US Army en Europe, pour mettre en place un système analogue à celui de Schengen pour les questions militaires. Les difficultés pour passer d’un pays à un autre, malgré leur appartenance à l’Otan et/ou à l’Union européenne, sont évidemment de nature à retarder l’envoi de renforts dans le cas où il faudrait activer la clause de défense collective définie par l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord.

Alors qu’il est question de défense européenne ou d’Europe de la défense depuis des années, il est quand même curieux que, avant de songer à des mutualisations, voire à créer une (illusoire) « armée européenne », personne n’ait songé à faciliter le mouvement des troupes au sein de l’UE.

Mais cet oubli devrait être bientôt réparé. En effet, la Commission européenne a lancé, ce 10 novembre, une « réflexion » pour faciliter et accélérer les déplacements de forces et d’équipements militaires au sein de l’UE. En clair, il s’agit de lever les obstacles administratifs dans ce domaine. Ce que demande par ailleurs l’Otan, qui a fait un rapport sur ce sujet.

« Le mouvement rapide de personnel et d’équipements militaires » en Europe « est entravé par des barrières physiques, légales et réglementaires », a ainsi observé Violeta Bulc, Mme le commissaire européen aux Transports.

« Les citoyens européens comprennent que c’est seulement ensemble, en tant qu’Union, que nous pouvons relever les défis de notre temps en matière de sécurité: la coopération au sein de l’Union européenne et avec nos partenaires est devenue incontournable. Alors que nous allons de l’avant avec la coopération structurée permanente pour rendre notre défense plus efficace, nous avons également décidé de renforcer la mobilité militaire entre les États membres de l’UE et en coopération avec l’Otan », a, de son côté, expliqué Federica Mogherini, Mme le Haut représentant de l’Union pour les
affaires étrangères et la politique de sécurité.

« Comme l’ont montré de récents exercices militaires majeurs, de telles barrières peuvent conduire à des retards, des ruptures, des coûts plus élevés et une plus grande vulnérabilité » de l’UE, estime donc la Commission de Bruxelles.

« Depuis la fin de la Guerre froide, les mouvements militaires en Europe, par exemple pour des exercices importants, sont devenus bien moins fréquents. Mais dans l’environnement sécuritaire actuel, les forces de défense européennes dépendent de leur capacité à se déplacer rapidement, à la fois dans un contexte UE et Otan », fait encore valoir l’exécutif européen.

Pour sa réflexion, l’UE va « coopérer étroitement » avec l’Otan. Mais l’équation s’annonce difficile à résoudre car il faudra discuter avec les administrations concernées (transports, douanes), les sociétés privées ferroviaires et maritimes ainsi qu’avec les états-majors. À l’issue d’une phase de consultation, la Commission entend soumettre un plan d’action aux 28 États membres en mars prochain, avec un « calendrier ambitieux » pour mettre en oeuvre cette réforme.

« Tout cela sera fait dans le respect de la souveraineté des États membres, en synergie avec les activités civiles et sans perturber l’utilisation civile des infrastructures […]. Toute action sera coordonnée non seulement entre l’UE et les États membres, mais aussi avec d’autres parties prenantes concernées, en particulier l’Otan », est-il expliqué dans le communiqué de la Commission.

Cette réflexion visera à « développer une compréhension commune des besoins et des exigences , qui devra être examinée plus avant et acceptée par les États membres », « développer une compréhension commune de l’infrastructure à utiliser et de son impact sur les normes d’infrastructure » et « traiter les questions de réglementation et de procédure pertinentes (douanes, marchandises dangereuses, autres obstacles juridiques, procédures nationales). »

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