Le sous-lieutenant Guillou de Mézellis, le pilote manchot des Forces aériennes françaises libres

Contrairement à ce que l’on peut penser, distinguer le mérite des uns et des autres n’est pas toujours aisé. Ainsi en est-il pour le sous-lieutenant Jacques Guillou de Mézellis, aujourd’hui bien oublié alors que l’on vient de commémorer le centenaire de sa naissance. Au vu de ses états de service et, surtout, de son état d’esprit, il aurait pu être Compagnon de la Libération.

Pilote des Forces aériennes françaises libres (FAFL) en 1940, Jacques Guillou de Mézellis n’est pas un as. Il n’a même pas obtenu une seule victoire aérienne homologuée. Et nombreux sont ses camarades qui, après la guerre, ont connu la postérité, comme Pierre Clostermann, Roland de la Poype, Marcel Albert, René Mouchotte ou encore Jacques Andrieux.

Alors, pourquoi s’intéresser à ce pilote? Tout simplement parce qu’il a fait preuve d’une détermination et d’un courage peu communs lors de sa trop courte vie, à l’image, d’ailleurs, du pilote britannique Douglas Bader. Et rien que pour cela, il mérite d’être cité en exemple.

Né le 4 novembre 1917 à Audembert [Pas-de-Calais], Jacques Guillou de Mézellis n’a pas 20 ans quand il s’engage dans l’armée de l’Air. En 1938, il est admis à l’École de pilotage d’Angers, où il est breveté un an plus tard. Pour autant, il ne participera pas à la campagne de France de mai-juin 1940 car, après son stage de perfectionnement à Istres, il avait été affecté au Centre d’instruction de bombardement alors implanté sur la base de Francazal, à Toulouse.

Après l’armistice demandé par le maréchal Pétain, le sergent Jacques Guillou de Mézellis, décide, avec d’autres camarades, de rejoindre l’Angleterre. Parti de Port-Vendres, il s’engage dans les Forces françaises libres à son arrivée à Londres, le 7 juillet 1940.

Avec le Groupe mixte de combat n°1, il prend part à l’expédition de Dakar ainsi qu’aux opérations du Gabon. Le 22 avril 1941, son destin bascule : le Bristol Blenheim qu’il devait convoyer de Fort Lamy à Khartoum s’écrase. Gravement blessé, le sergent-chef Guillou de Mézellis doit être amputé d’un bras.

Pour autant, ce dramatique accident ne marque pas la fin de sa carrière de pilote. Muni d’une main artificielle, et grâce à l’autorisation donnée par le général Martial Valin, alors chef des FAFL, promu officier, Jacques Guillou de Mezillis est affecté au groupe de chasse « Île-de-France », doté d’avions Spitfire Mk V.

Puis, par la suite, il rejoint le No. 65 Squadron, alors commandé par René Mouchotte, lequel le prendra sous son aile quand il arrivera à la tête du groupe de chasse « Alsace ». Malheureusement, le sous-lieutenant Guillou se Mézellis ne verra pas la libération de la France. Au cours d’un vol d’entraînement en Écosse, il se tue aux commandes de son Spitfire, le 13 mars 1943.

« On ne t’oubliera pas, « Grand Jacques », sympathique à tous et vraiment gonflé, toujours souriant et courageux. Tu étais bien dans l’esprit du Squadron et l’on restera près de toi. Malgré ton seul bras, tu n’as pas eu peur de voler et de vouloir le battre. On se rappellera que la mort a abusé de ta mutilation et t’a pris en ‘vache’, aussi Le Squadron se battra pour toi, Vieux », écriront ses camarades dans le livre d’or du groupe de chasse Alsace.

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