La Russie renforce la surveillance militaire de l’Arctique

Dans les prochaines années, l’Arctique va devenir une région hautement stratégique. La fonte des glaces devrait permettre l’ouverture, pendant l’été, de nouvelles routes maritimes, qui réduiront significativement le temps qu’il faut pour relier l’Asie et l’Europe, ainsi que l’exploitation de cette région, qui recèle d’importantes ressources naturelles, notamment pétrolières et gazières.

Les pays frontaliers ont très vite pris conscience des enjeux que cela va représenter, en particulier dans le domaine de la sécurité. Et pas seulement eux, d’ailleurs : la Chine entend profiter des opportunités offertes par cette région. En mai 2013, elle a ainsi obtenu le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique. Signe de cet intérêt : le 1er novembre, le groupe énergétique chinois CNPC et la China Development Bank ont conclu des accords avec le russe Novatek dans la cadre du projet Arctique-2, qui vise à exploiter du gaz naturel liquéfié dans le Grand Nord russe.

Pour le président russe, Vladimir Poutine, l’Arctique est une priorité stratégique. « Le changement climatique fournit des conditions plus favorables pour développer le potentiel économique de cette région. Si ces tendances se poursuivent, imaginez ce qui va se passer. Actuellement, le long de la voie du Nord, 1,4 million de tonnes de marchandises sont transportées par cargo ; en 2035, ce chiffre sera de 30 millions. Cela vous donne une idée de la croissance dont je parle », a-t-il encore fait valoir en mars dernier.

Depuis 2009, la Russie s’attache à restaurer sa présence militaire dans cette région, en remettant en état d’anciennes bases ou en en construisant de nouvelles, ainsi qu’en y déployant des unités d’infanterie spécialisées. Dans le même temps, elle y a réaffirmé ses prétentions territoriales, en revendiquant sa souveraineté sur pas moins de 1,2 millions de km2. Seulement, d’autres pays voisins y ont également des intérêts à défendre, comme le Canada et le Danemark, qui, par exemple, considèrent que la dorsale de Lomonossov se rattache « aux plaques continentales de l’Amérique du Nord et du Groenland » et non au plateau continental russe, comme le prétend Moscou.

Quoi qu’il en soit, et outre les aspects économiques, l’Arctique représente aussi un enjeu militaire pour la Russie. C’est ce qu’a rappelé M. Poutine en juin dernier. « Je ne veux pas mettre la pression, mais les spécialistes savent que, par exemple, des sous-marins nucléaires américains sont en service au nord de la Norvège. La durée du vol des missiles est de 15 minutes jusqu’à Moscou. Et nous devons savoir ce qui s’y passe, voir ce qui s’y passe, nous devons protéger cette côte de façon adéquate, y assurer la protection des frontières », a-t-il expliqué.

D’où l’annonce faite ce 3 novembre par l’amiral Nikolaï Evmenov, le commandant de la Flotte du Nord. « Nous sommes en train de mettre en place un système de surveillance dans les airs et en mer de la région du Passage du Nord-Est et de nous assurer un contrôle total de l’espace aérien dans notre zone de contrôle dans l’Arctique », a-t-il dit, d’après l’agence Interfax.

« Toutes les îles de l’Arctique où se trouvent des bases de la flotte du Nord ont été équipées de nouveaux aérodromes pouvant fonctionner en toute saison et en mesure d’accueillir tout type d’avions », s’est également félicité l’amiral Evmenov.

Qui plus est, des systèmes de défense aérienne seront également déployés dans la région, alors que les premiers le furent en 2015, dans l’archipel de la Nouvelle-Zemble.

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