Des règles plus strictes encadreront l’attribution de la Légion d’Honneur, y compris pour les militaires

En novembre 2015, il avait été prêté l’intention au président Hollande de décerner la Croix de la Légion d’Honneur aux 130 victimes des attentats de Paris et de Saint-Denis. Ce qui suscita une polémique, dans la mesure où cet ordre national fut créé en 1802 par Napoléon Bonaparte pour distinguer ceux qui rendirent des services éminents à la Nation. Et non pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment… D’autres moyens existent, en effet, pour rendre hommage aux victimes, à commencer sans doute par un meilleur soutien de leurs familles.

En outre, les promotions pléthoriques de récipiendaires de la Légion d’Honneur donnent souvent lieu à des critiques (surtout quand des personnalités du showbiz en font partie). Mais le sentiment selon lequel cette décoration est plus « distribuée » que « décernée » pour des services rendus et/ou des mérites indiscutables sera bientôt révolu.

En effet, le président Macron entend redonner à Légion d’Honneur son lustre d’antan en veillant à ce qu’elle ne soit pas « galvaudée ».

« Le peuple français est sensible à l’idéal de grandeur de la Légion d’honneur qu’incarne sa devise ‘honneur et patrie’. Il est attaché à notre premier ordre national et s’intéresse à la publication de ses promotions. Ceux qui sont distingués sont fiers et admirés de leurs concitoyens. Ceux qui les critiquent témoignent paradoxalement de leur considération pour l’institution », souligne ainsi une déclaration du Premier ministre, Édouard Philippe, lors du Conseil des ministres du 2 novembre.

Et d’ajouter : « Malgré son ancrage bicentenaire et son rayonnement mondial, la Légion d’honneur est vulnérable : sa force tient avant tout de son image et son image de la qualité de ses membres. Il importe donc d’en user avec le plus grand soin. »

Aussi, selon les orientations données par le président Macron, il a été décidé d’engager « une double révision de l’attribution de la plus haute distinction nationale. »

Dans un premier temps, le nombre des récipendiaires sera réduit drastiquement : de 50% pour les civils et de 10% pour les militaires. Même chose pour les personnalités étrangères (-25%). Ensuite, les critères d’attribution seront plus strictement respectés. De même que ses « valeurs fondamentales ».

« Ordre universel, la Légion d’honneur est décernée dans tout domaine d’activité, civil et militaire, sans distinction d’origine sociale, de hiérarchie professionnelle ou de sexe. Elle a cette vertu républicaine de placer sur un pied d’égalité un soldat ou un écrivain, un chercheur et une infirmière, un bénévole d’association et un industriel, un homme et une femme. Chaque promotion de la Légion d’honneur doit être paritaire, à l’exception des ministères pour lesquels le vivier ne l’est pas (armées, anciens combattants par exemple) », lit-on dans le compte-rendu du Conseil des ministres.

En conséquence, « seul le mérite » devra être « salué » et celui-ci « se mesure à l’aune de l’intérêt général ». En clair, c’est « l’engagement au bénéfice de leurs concitoyens et de la France, dans la durée, qui doit exclusivement caractériser les membres de la Légion d’honneur. »

Ainsi, le président Macron veut que cette « exigence de renouveau » soit accompagnée d’un respect de principes devant permettre de « mettre en avant les ‘mérites éminents’ des candidats, à travers leurs parcours professionnel et extraprofessionnel, leurs qualités personnelles et leurs résultats. » Ce qui veut dire qu’il n’y aura plus de promotions automatiques, comme c’est actuellement le cas pour les hauts fonctionnaires et les officiers supérieurs, notamment quand ils accèdent à une haute fonction ou quand ils ont suffisamment d’ancienneté pour prétendre à la « rosette ».

Par ailleurs, l’Ordre national du Mérite sera également concerné, par souci de cohérence. Là aussi, les contingents de récipiendaires seront diminués (de 25% pour les civils, de 10% pour les militaires et de 20% pour les étrangers). Il a « vocation à récompenser des candidats plus jeunes, dès dix ans de carrière, dont les résultats sont remarquables et laissent présager un parcours qui pourrait ultérieurement leur permettre d’accéder à la Légion d’honneur », fait valoir le Premier ministre.

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