Les données relatives aux pertes des forces afghanes sont désormais classifiées

Signe que la situation continue de se déteriorer en Afghanistan : il ne sera plus possible de connaître l’ampleur des pertes subies par les forces afghanes face aux taliban et à la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (EI-K).

Ce que l’Inspecteur général spécial du Congrès américain pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR), John Sopko, vient de dénoncer dans un rapport trimestriel.

« Pour la première fois en huit ans, le commandement américain a classifié ou restreint la publication de données concernant les forces afghanes (…) comme l’état des pertes, celui des forces et le taux d’attrition (…) ainsi que les capacités opérationnelles et l’équipement », a en effet fustigé M. Sopko, bien connu pour ne pas user de la langue de bois.

D’après le SIGAR, le taux d’attrition des forces afghanes (c’est à dire les pertes au combat par décès ou blessure ainsi que les désertions) ainsi que le nombre de victimes ont été « classifés » car « le commandement américain, après examen, a décidé que ces données appartenaient au gouvernement afghan ». Et comme ce dernier se refuse à les communiquer… contrairement à l’engagement pris par le président Ashraf Ghani.

Or, jusqu’à présent, seul le SIGAR était en mesure de donner l’ampleur des pertes subies par les forces afghanes, via justement le Pentagone. Pour l’année 2016, il avait ainsi indiqué que 6.700 soldats et policiers afghans furent tués en mission et que 12.000 avaient été blessés (+35% en un an). Aussi, il avait estimé que ce niveau de pertes était « insoutenable » et « choquant ».

Pour les quatre premiers mois de cette année, l’on sait, par le SIGAR, que 2.500 soldats et policiers afghans ont été tués. Et que les forces afghanes ont eu 4.200 blessés.

« Les Afghans savent ce qui se passe, les taliban savent ce qui se passe, les militaires américains aussi. Seuls les contribuables américains l’ignorent, mais ce sont eux qui payent », s’est emporté M. Sopko dans les colonnes du New York Times. Et cela vaut aussi pour ceux des pays membres de l’Otan restés engagés en Afghanistan, dans le cadre de la mission Resolute Support.

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