L’Otan veut parler avec Moscou de l’aide russe présumée au mouvement taleb afghan

Camp militaire implanté dans la région de Kandahar envahi par des insurgés (au moins 43 tués), attentat suicide contre un bus transportant des recrues à Kaboul (15 tués), attaques multiples dans les provinces de Farah, de Ghazni, et de Paktia (où le chef de la police locale a laissé la vie), trois districts nouveaux districts perdus dans le sud du pays… Face au mouvement taleb, les forces de sécurité afghanes ont connu des jours particulièrement difficiles ces derniers temps. Et c’est sans compter sur les mosquées chiites visées par la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (EI-K).

Dans ce contexte, les autorités afghanes ont une nouvelle fois dénoncé la Russie, accusée de livrer des armes aux taliban. C’est, du moins, ce qu’a fait le général Mohammad Naser Hedayat, le commandant du 207e corps de l’armée nationale afghane (ANA), qui vient de livrer de violents combats contre les insurgés dans la province de Farah.

« Beaucoup de grands pays sont impliqués dans la guerre en Afghanistan. Nous pouvons nommer la Russie, qui s’ingère activement à Farah, où nous avons saisi des armes russes, y compris des lunettes de vision nocturne », a en effet déclaré le général Hedayat.

Avant lui, des officiels afghans affirmèrent que la Russie avait aidé les taliban dans la province de Kunduz, après une visite faite par le « gouverneur fantôme » de cette dernière au Tadjikistan. En outre, des responsables russes auraient rencontré, toujours selon eux, des repreésentants du mouvement taleb à l’insu des autorités afghane Il s’agissait « d’encourager les pourparlers de paix », fit valoir Alexander Mantitski, l’ambassadeur russe en poste à Kaboul.

Cela étant, le mouvement taleb ne serait pas le seul à recevoir des armes de facture russe. Chef de la police du district de Baharak, Qari Abdul Wadood a ainsi affirmé que plusieurs chefs de guerre aux alliances fluctuantes ont reçu « près de 1.000 mitrailleuses russes ». Et d’ajouter : « Certaines de ces personnes pourraient rejoindre les taliban ou utiliser les armes pour les vols et les enlèvements. »

Hasard ou pas, ces accusations ont été portées quelques mois après que la Russie a décidé de lever l’embargo sur les armes qu’elle imposait au Pakistan, régulièrement pointé pour son soutien au taliban afghans.

Quoi qu’il en soit, à Moscou, l’on rejette ces allégations, tout en reconnaissant, toutefois, échanger des « informations » avec le mouvement taleb afghan. Tout simplement parce que, comme l’a expliqué Zamir Kabulov, un responsable du ministère russe des Affaires étrangères, les intérêts de la Russie « coïncident objectivement » avec ceux de ces derniers dans la lutte contre l’État islamique.

En tout cas, pour le moment, les responsables militaires américains ont jusqu’à présent été prudents, parlant seulement d’une « influence » russe et de livraisons d’armes aux taliban au conditionnel.

« J’ai vu récemment l’influence de la Russie, une influence croissante en termes d’association et peut-être même d’approvisionnement des talibans », a déclaré, le 23 mars, le général Curtis Scaparrotti, le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur). Et le général américain John Nicholson, qui commande la mission de l’Otan « Resolute Support », a laissé entendre la même chose à plusieurs reprises.

Le président du comité militaire de l’Otan, le général tchèque Petr Pavel, s’est montrée encore plus prudent. Interrogé, le 25 octobre, sur la livraison d’armes aux taliban par la Russie, il a dit « n’avoir aucune preuve » à ce sujet.

Toutefois, a-t-il ajouté, l’Otan « a reçu des informations selon lesquelles la Russie fournirait du carburant à des sociétés qui vendent ce carburant aux taliban. » Aussi, « ce sujet sera abordé avec l’ambassadeur russe car Otan et Russie ont des intérêts communs dans la lutte contre le terrorisme », a indiqué le général Pavel.

L’Afghanistan sera au programme de discussions qui doivent avoir lieu ce 26 octobre entre les ambassadeurs des 29 pays membres de l’Otan et Alexandre Grouchko, leur homologue russe.

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