Au moins 5.600 jihadistes auraient quitté l’Irak et la Syrie pour revenir dans leur pays d’origine

Devant les policiers et les gendarmes, le 18 octobre, le président Macron a indiqué que « 13 attentats ont été déjoués depuis le début de l’année ». Un chiffre auquel il faut ajouter au moins 9 attaques commises par des jihadistes (ou se réclamant comme tels). Au Royaume-Uni, la tendance est la même.

« Nous avons vu une augmentation spectaculaire de la menace [jihadiste] cette année. En 34 ans de carrière, c’est le rythme le plus élevé que j’ai connu », a en effet déclaré Andrew Parker, le directeur du MI5, le service de renseignement intérieur britannique. « Entre la conception et la commission d’une action, il peut se passer seulement quelques jours. Ce rythme, et la façon qu’ont les extrémistes d’utiliser internet rendent les menaces plus difficiles à détecter et nous laissent une plus courte fenêtre de tir pour agir », a-t-il ajouté.

Actuellement, le MI-5 et les autres services britanniques mènent plus de « 500 opérations de surveillance » portant sur « 3.000 individus », connus pour être « impliqués d’une façon ou d’une autre dans des activités terroristes. »

Le pire est à craindre, avec le retour au Royaume-Uni des jihadistes partis combattre en Irak et en Syrie. Et « il y a aussi les plus de 20.000 personnes que nous avons déjà passées au crible dans nos enquêtes terroristes passées. Et il y aura des extrémistes violents que nous ne connaissons pas encore », a prévenu Andrew Parker. « Nous ne pouvons espérer tout empêcher », a-t-il déploré.

Justement, d’après un rapport [.pdf] du Soufan Group, spécialiste du renseignement, « au moins 5.600 citoyens ou résidents de 33 pays » ayant rejoint les rangs de l’État islamique (EI ou Daesh) en Irak et en Syrie sont « rentrés chez eux. » Et « il faut y ajouter un nombre indéterminé venant d’autres pays. » Aussi, ceci « représente un défi énorme pour la sécurité et pour les services de police », estime-t-il.

Le fait est. Selon le Soufan Group, sur les « 40.000 étrangers venant de 110 pays ayant afflué pour rejoindre l’EI avant et après la proclamation du califat en juin 2014 (…), il est inévitable que certains resteront attachés à une forme de jihad violent popularisé par l’EI et al-Qaïda ». Et « il est clair aussi que quiconque veut continuer à combattre trouvera sa voie pour le faire », souligne-t-il.

Le Soufan Group précise que 1.910 jihadistes sont partis de France pour le Levant. Et 271 en seraient revenus (dont 217 majeurs et 54 mineurs) et il en resterait encore 700 sur place. Mais le pays qui semble le plus exposé à la menace des « revenants » est la Tunisie, qui a enregistré 800 retours sur les 2.926 de ses ressortissants partis en Irak et en Syrie.

Cependant, tous les jihadistes ne chercheront pas forcément à revenir dans leur pays d’origine. Des « centaines seraient à la rechefrche de nouveaux champs de bataille ou d’un refuge dans les pays musulmans », estime le Soufan Group.

Cela étant, un autre problème qui va se poser sera celui du suivi des familles des jihadistes (femmes et enfants). Ainsi, les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui viennent de chasser l’EI de Raqqa, détiendraient entre 20 et 30 femmes et enfants de combattants français de l’organisation terroriste, dont certains ont eu des fonctions importantes. Le sort de ces derniers est en suspens.

Dans ces conditions, quelle politique fraudrait-il appliquer? « Si des jihadistes [français] périssent à Raqqa, c’est tant mieux », a récemment lancé Florence Parly, Mme le ministre des Armées. Outre-Manche, on ne pense guère autrement. Seulement, il faudra bien s’occuper de ceux qui n’ont pas été tués dans les combats…

Pour le moment, note le Soufan Group, la réponse des autorités passe par l’incarcération, « qui ne fait que repousser le problème », note-t-il. Ou à la « réhabilitation et la réintégration » via des programmes « notoirement difficiles à concevoir et à faire marcher. »

« La question de l’identité, le manque de confiance dans les institutions gouvernementales et dans la politique traditionnelle que l’EI a su exploiter ne sont pas prêts de disparaître », soutient le Soufan Group. Aussi, conclut-il, le phénomène de radicalisation risque de se poursuivre, avec des individus tentés de rejoindre les restes de l’EI ou de « s’engager dans d’autres groupes à son image qui vont émerger ».

Selon Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, au 6 aoûtn plus de 18.500 personnes étaient inscrites au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Et leur nombre ne cesse d’augmenter. De quoi justifier l’annonce faite par le président Macron d’un « nouveau plan national » contre la radicalisation que devra définir un comité interministériel en décembre, en en dressant une « liste des territoires » qui feront l’objet d’une surveillance spécifique. »

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