L’Australie va entraîner les forces philippines au combat urbain

Après cinq mois de combats intenses, la bataille de Marawi, ville située sur l’île de Mindanao, dans le sud des Philippines, a pris officiellement fin, le 23 octobre, après la prise de la dernière position occupée par des jihadistes. « Nous avons donné aux militants et terroristes la possibilité de se rendre, mais ils ont choisi de se battre jusqu’à leur dernier souffle », a expliqué le général Eduardo Año, le chef d’état-major « sortant » des forces armées philippines.

Pour rappel, des centaines de jihadistes avaient déferlé sur Marawi, le 23 mai dernier, après un raid manqué des forces de sécurité contre Isnilon Hapilon, « l’émir » de l’État islamique pour l’Asie du sud-est. Ce dernier a d’ailleurs été tué lors des combats, de même qu’Omarkhayam Maute, le chef du groupe jihadiste du même nom.

Selon Manille, au moins 920 jihadistes ont été tués lors de la bataille, ainsi que 165 militaires et 47 civils. Malgré un soutien apporté par les États-Unis et l’Australie, notamment dans le domaine du renseignement, les forces philippines, peu rompues au combat urbain, ont eu du mal à déloger les terroristes de Marawi.

Alors que le président philippin, Rodrigo Duterte, a récemment amorcé un rapprochement avec la Chine et la Russie, le général Año a déclaré, le 5 octobre, que les États-Unis restaient « l’allié numéro un » de Manille, avant d’annoncer la tenue de nouveaux exercices militaires conjoints avec les forces américaines.

« Je ne voudrais pas dire qu’ils sont nos sauveurs mais ils sont nos alliés et ils nous ont aidés », avait affirmé, quelques jours plus tôt, M. Duterte, au sujet de l’aide apportée par les États-Unis à Marawi. Et d’ajouter : « Il y a tant de facteurs en jeu. Mais en ce moment, j’aime mieux être ami avec eux. »

Comme avec l’Australie? En effet, Canberra, qui avait déployé deux avions de surveillance AP-3C en soutien des opérations à Marawi, a fait part de son intention d’aider plus encore les forces philippines pour lutter contre les jihadistes encore présents dans le sud de l’archipel.

« Jusqu’à 80 militaires australiens seront envoyés aux Philippines pour transmettre leur expertise qu’ils ont acquis depuis de nombreuses années contre les groupes islamistes en Irak, en Syrie et en Afghanistan », a ainsi déclaré le ministre australien de la Défense, Mme Marise Payne, aux côtés de son homologue philippin, Delfin Lorenzana.

Estimant crucial que les Philippines puissent disposer du savoir faire nécessaire pour éviter le retour des jihadistes maintenant que la bataille de Marawi est terminée, Mme Payne a précisé que les instructeurs militaires australiens auront la tâche de former les soldats philippins aux « techniques de contre-terrorisme en milieu urbain. »

« Les entraînements pratiques fournis par les Forces australiennes augmenteront les capacités des forces philippines contre les tactiques brutales utilisées par les terroristes », a expliqué Mme Payne. «  »Nous avons vu les effets de l’idéologie extrémiste et des menaces terroristes sur les vies de millions de civils dans le monde et c’est très inquiétant de voir que cela arrive dans notre région », a-t-elle ajouté.

Il est aussi question pour Canberra de partager avec Manille davantage d’informations et d’accroître les missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) confiées à la Royal Australian Navy. Ce qui supposera plus de patrouilles maritimes avec la marine des philippines.

Enfin, l’Australie va aussi aider les Philippines à contrer la propagande jihadiste sur Internet et organiser un séminaire avec des agences militaires et civiles des deux pays sur la « reconstruction après les conflits. »

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