L’Allemagne donne son feu vert à la vente de trois sous-marins Dolphin AIP à Israël

Il y a un an, l’on apprenait qu’Israël avait l’intention de commander trois nouveaux sous-marins Dolphin AIP auprès du constructeur naval allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS). Seulement, quand ce projet fit « surface », quelques mois plus tôt, le ministre israélien de la Défense, qui était alors Moshe Ya’alon, s’y opposa, exprimant ainsi les réserves de l’état-major de Tsahal, lequel estimait que d’autres priorités devaient être financées.

Interrompues pendant un temps, les négociations avec Berlin purent reprendre à la faveur d’un remaniement ministériel qui écarta M. Ya’alon au profit d’Avigdor Lieberman, lequel ne pouvait pas se prévaloir de l’expérience militaire de son prédécesseur [M. Ya’alon fut chef d’état-major de Tsahal entre 2002 et 2005, ndlr].

Le projet défendu par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, consistait donc à remplacer les sous-marins livrés par TKMS au tournant des années 2000 par trois nouveaux bâtiment aux performances accrues, c’est à dire dotés d’un système de propulsion anaérobie (AIP), l’idée étant de disposer d’une flotte homogène. Le tout pour 1,2 milliard d’euros, somme comprenant un rabais de 30% consenti par la partie allemande.

Seulement, la justice israélienne mit son nez dans les négociations, sur la base de soupçons de conflits d’intérêts concernant l’entourage de M. Netanyahu. En effet, l’avocat de ce dernier, David Shimron, était également membre du conseil d’administration d’une des filiales de TKMS et représentait les intérêts de l’homme d’affaires israélien Miki Ganor, agent du groupe allemand.

En juillet, il fut rapporté que les autorités allemandes entendaient reporter la signature de tout accord relatif à ces sous-marins, le temps d’y voir plus clair dans l’enquête en cours. Depuis, plusieurs responsables ont été mis en garde en vue, dont Eliezer Sandberg (ex-ministre des Sciences en 2003 et des Infrastructures en 2004), un conseiller du ministre de l’Energie, David Sharan, ex-chef du bureau du M. Netanyahu, ou encore l’amiral Eliezer Marom, ancien commandant de la marine israélienne.

Finalement, les réticences allemandes ont été levées, alors que l’enquête de la justice israélienne n’est pas encore terminée et que, le 20 octobre, un responsable israélien « proche du dossier » avait indiqué que Berlin exigeait encore que les dirigeants impliqués dans le projet soient mis hors de cause avant de signer l’accord.

Trois jours plus tard, s’exprimant devant la Knesset [Parlement], M. Netanyahu a en effet « remercié la chancelière [Angela] Merkel et son gouvernement pour ce protocole d‘accord, qui concerne un sujet très important pour la sécurité nationale d‘Israël. »

Plus tôt, un communiqué publié par son bureau avait « salué la signature d’un mémorandum d’accord entre l’Allemagne et l’État d’Israël pour l’acquisition des sous-marins ». Cet accord « revêt une importance stratégique pour la sécurité d’Israël et sa signature reflète l’engagement de l’Allemagne et de la chancelière Angela Merkel vis-à-vis de la sécurité d’Israël ainsi que la profonde coopération entre les deux pays », avait-il ajouté.

Devant les députés, M. Netanyahu a considéré que la signature de ce protocole d’accord avec Berlin prouvait son innocence. « Comme c‘est triste pour vous, qui avez placé vos espoirs dans le recyclage de cette histoire de sous-marins mais qui comprenez aussi que cette histoire est torpillée », a-t-il lancé à l’opposition.

Cela étant, si jamais l’enquête en cours met en lumière de nouveaux faits, il n’est pas impossible que l’accord en question soit annulé. « Nous courons un grand risque. Si des éléments de corruption plus sérieux sont découverts en plus de ce qui a été exposé jusqu’à maintenant, Israël pourrait perdre le contrat des sous-marins, ce qui aurait des conséquences dramatiques pour la sécurité de l’État », a estimé un responsable israélien concerné par ce dossier, dans les colonnes du quotidien Yedioth Ahronoth.

Pour rappel, dérivé du sous-marin de type U-212, le Dolphin AIP est mis en oeuvre par une trentaine de marins. Il peut emporter des torpilles (6 tubes de 553 mm et 4 de 650 mm), des mines et des missiles, dont, sans doute, le missile de croisière Popeye Turbo, dont il est dit qu’il est susceptible d’être doté d’une tête nucléaire.

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