La part des dépenses de défense dans le budget de l’État a reculé de 0,1% en 2017

On peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres. Et c’est d’ailleurs bien pratique quand on se pique de communication politique. Ainsi en est-il du budget de la mission « Défense », dont le montant doit atteindre les 2% du PIB d’ici 2025 selon la promesse faite par le président Macron en mars dernier. Il s’agit d’un objectif fort, en phase avec les engagements pris par la France au sein de l’Otan.

Seulement, encore faut-il s’accorder sur le périmètre des dépenses à prendre en considération pour l’atteindre. Sur ce plan, l’Otan donne une large latitude à ses membres. Ce qui fait que certains intégrent, par exemple, les budgets alloués à leurs forces de gendarmerie ou encore les pensions dues à leurs militaires ayant quitté l’uniforme.

Dans son référé n°S2017-2172, la Cour des comptes recommande même au Premier ministre, Édouard Philippe, d’user de cette ficelle. « Les modalités actuelles de déclaration, se limitant aux crédits budgétaires votés en loi de finances initiale, apparaissent restrictives au regard de l’ensemble des dépenses concourant à l’effort de défense incluant les surcoûts directs et indirects des interventions extérieures et intérieures et le financement de recherche et développement au bénéfice du secteur militaire », estime la Rue Cambon.

Et de conclure : « L’inclusion de ces dépenses, que permettrait le cadre défini par l’Otan et les pratiques d’autres États membres, conduirait à constater que les dépenses de défense de la France atteingnent d’ores et déjà 2,00% du PIB, ce qui mériterait d’être valorisé dans la communication internationale. »

Le souci est que les chiffres varient d’une source à l’autre. Ainsi, lors de la présentation de la Loi de finances initiale (LFI), il a été avancé que la hausse de 1,8 milliards d’euros du budget des Armées porterait l’effort de défense de la France à 1,82% du PIB (contre 1,7% en 2017).

Or, l’édition 2017 de l’Annuaire statistique de la Défense, dont la publication est « pilotée » par l’Observatoire économique de la défense, ne donne pas les mêmes chiffres.

Ainsi, cette année, le montant des dépenses de Défense (hors pensions et hors gendarmerie) s’élève exactement à 32,686 milliards d’euros, ce qui représente 1,4% du PIB, ce dernier étant estimé à 2276,221 milliards d’euros. D’où sort le 1,7% avancé par le gouvernement?

« En 2017, les dépenses de la seule mission Défense (hors pensions et hors anciens combattants) représentent 1,4 % du PIB soit légèrement moins que la moyenne des années 2013-2016. La part des dépenses de défense dans le budget général de l’État a reculé de 0,1 point par rapport à l’année précédente pour s’établir, en 2017, à 10,3% », lit-on dans le document.

Entre 2016 et 2017, le budget de l’État est passé d’environ 310 milliards à 319 milliards d’euros. Hausse qui comprend donc les 600 millions d’euros de plus accordés aux Armées par la LFI votée par le Parlement l’an passé, lesquels ont été absorbés par la coupe de 850 millions décidées l’été dernier…

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