L’aviation indienne a des doutes sur le programme russe d’avion furtif T-50/FGFA

En 2007, l’Inde et la Russie s’engagèrent à conjointement mettre au point un avion de combat de 5e génération, sur la base du T-50 PAK FA (Perspektivny Aviatsionny Kompleks Frontovoy Aviatsii, ou Futur Système Aéronautique de l’Aviation du Front), qui, développé par Sukhoï, effectua son premier vol en janvier 2010.

Sa version indienne, appelée FGFA (Fifth Generation Fighter Aircraft) et devant être assemblée par HAL (Hindustan Aeronautics Ltd), prévoyait alors une quarantaine de modifications afin de prendre en compte les besoins spécifiques exprimés par l’Indian Air Force (IAF). Parmi ces dernières, il était question d’un avion biplace, doté d’un plus grand rayond d’action et d’une motorisation plus puissante par rapport à ce que permettaient les réacteurs AL-41F1 du T-50 PAK FA. En outre, il fallait revoir les ailes et les gouvernes.

Seulement, le projet prit du retard. En 2012, le ministre indien de la Défense, qui était alors AK Antony, s’était risqué à annoncer une mise en service du FGFA au sein de l’IAF dans les cinq ans à venir. Or, on est actuellement encore loin du compte. Qui plus est, les coûts de développement grimpèrent, ce qui amena New Delhi à réduire le nombre d’appareils commandés (144 au lieu de 244 exemplaires).

Dans le même temps, et alors qu’elles venaient de lancer le programme d’avion furtif « Advanced Medium Combat Aircraft » (AMCA), confié à HAL, les autorités indiennes firent par de leur mécontentement au sujet de la coopération avec la Russie, en se disant « particulièrement contrariées par le fait que, tout en étant un partenaire à part entière dans le projet FGFA, Moscou n’est pas désireux de partager les détails techniques sur cette prochaine génération d’avion de chasse furtif, sur laquelle la version indienne sera basée. »

Puis, les coûts de développement augmentèrent encore significativement, au point que, en mai dernier, Moscou réclama auprès de New Delhi la somme de 7 milliards de dollars dans le cadre de sa participation au programme FGFA, en faisant valoir que ce prix plus élevé était justifié en raison du transfert de technologie de plusieurs systèmes sophistiqués. « L’Inde n’est pas en mesure de payer, ce projet d’avion semble perdu », estima un responsable indien de la Défense.

Devant les difficultés rencontrées avec la partie russe, le gouvernement indien mit en place une commission, présidée par un ancien de l’IAF, l’Air Marshal Simhakutty Varthaman, pour déterminer si la participation au programme FGFA était encore pertinente par rapport à d’autres projets.

En août, cette commission donna son verdict. Et selon le compte-rendu qu’en fit le quotidien « The Hindustan Time », l’Inde aurait intérêt à poursuivre ce projet avec la Russie car elle en « tirerait un avantage significatif » grâce aux « transferts de technologies de pointe ». Mais tel n’est pas l’avis de l’Indian Air Force, dont le sous-chef d’état-major aux plans, l’Air Vice Marshal BV Krishna, a récemment adressé une note à son gouvernement sur ce sujet.

Ainsi, en raison des modifications apportées au Su-57 (ou T-50 PAK FA), le FGFA « ne répond pas aux caractéristiques de furtivité […] souhaitées par rapport à un chasseur comme le F-35 », de sorte que « des changements structurels majeurs, ne pouvant pas être obtenus à partir des prototypes russes existants, sont nécessaires », a-t-il été rapporté.

La motorisation du FGFA ne donne pas non plus satisfaction à l’IAF, cette dernière souhaitant un concpet de moteur modulaire, afin de faciliter la maintenance et d’en réduire les coûts.

Justement, au sujet de la maintenance, la force aérienne souligne que, selon Times Now, que les avions russes sont généralement moins chers à l’achat mais ils sont plus coûteux à maintenir en état de vol (et elle en sait quelque chose aves ses Su-30 MKI…).

L’IAF estime qu’elle a besoin d’un chasseur furtif afin de maintenir une parité avec ses adversaires potentiels, dont la Chine, qui développe le J-20 et le J-31. Il s’agit de l’utiliser comme un multiplicateur de force pour accroître les capacités de ses autres avions de combat dans le cadre de tactiques créatives. Si le FGFA ne présente qu’une futivité limitée, les fonds investis n’auront servi à rien.

Dans ces conditions, la poursuite de la participation indienne au programme FGFA ne se décidera qu’au niveau politique. Et, sur ce plan, le rapprochement entre New Delhi et Washington, amorcé depuis déjà plusieurs années, pourrait avoir une influence.

Lors de sa dernière visite à New Delhi, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, n’a pas manqué d’adresser des critiques sévères à l’endroit de la Chine, tout en saluant le rôle de pays qui comme l’Inde, qui « agissent dans un cadre qui protège la souveraineté des autres. »

Cela étant, plusieurs scénarios circulent dans le cas où New Delhi renoncerait au FGFA. Le site spécialisé AINonline a évoqué un possible contrat portant sur le MiG-35, dans le cadre du projet indien d’acquérir des chasseurs monomoteurs pour remplacer les MiG-21/27 de l’IAF. Ce serait une « compensation » pour l’abandon de la coopération avec la Russie. Problème : le MiG-35 est un bimoteur… Et le choix devrait se faire entre le F-16 Viper de Lockheed Martin et le JAS-39 E/F de Saab.

Fin août, le quotidien « Times of India » a parlé d’une commande de 36 Rafale supplémentaires, l’IAF ayant fait valoir que les avions français « se révéleront beaucoup moins chers que le chasseur de cinquième génération développé avec la Russie. »

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