Pour Paris et Boulogne-Billancourt, Nungesser et Coli ont été les premiers à traverser l’Atlantique en avion

Le 8 mai 1927, le lieutenant Charles Nungesser, as de la Première Guerre Mondiale, et le capitaine François Coli, décollaient à bord d’un avion Levasseur PL.8 (baptisé « L’Oiseau blanc ») pour tenter de traverser l’océan Atlantique pour la première fois. Seulement, ils disparurent corps et biens…

Ont-ils cependant réussi leur pari? Des historiens et des passionnés ont consacré énormément de temps et de moyens pour tenter de retrouver la trace de « L’Oiseau blanc ». Et il existe un faisceau d’indices qui laisserait à penser que les deux aviateurs français furent effectivement les premiers à réussir la traversée de l’Atlantique en avion. Mais, pour le moment, il n’y a aucune preuve matérielle pour l’assurer avec certitude.

Des débris d’avions furent bien récupérés près des côtes canadiennes et américaines. Mais aucune expertise n’a conclu, jusqu’à présent, qu’ils appartenaient à L’Oiseau blanc. Ce fut ainsi le cas en 1961 : des morceaux récupérés deux ans plus tôt, par un pêcheur de homards dans la baie de Casco, ne furent pas reconnus comme des éléments d’un PL.8 par Albert Lancelot, qui fut le directeur des fabrications des établissements Levasseur en 1927.

Mettre la main sur le moteur de L’Oiseau blanc, un Lorraine 12 Eb, mettrait fin au mystère. Mais, malgré des recherches conduites par Bernard Decré, un passionné persuadé que Nungesser et Coli ont réussi leur traversée, il reste introuvable. Pourtant, des moyens importants ont été engagés, avec le patrouilleur Fulmar et des plongeurs de la Marine nationale.

Et puis, il y a les témoignages recueillis. Si tous disaient la même chose, l’affaire serait entendue. Mais ce n’est pas le cas : certains affirment que L’Oiseau blanc a été la cible de trafiquants d’alcool (alors interdit aux États-Unis), de gardes-côtes induits en erreur par la tête de mort peinte sur l’avion piloté par Nungesser (voire des deux). Plusieurs lieux où l’appareil serait tombé ont été avancés : il a été question des collines du Maine, des rives du Bas Saint-Laurent ou du sud de Terre-Neuve.

Reste qu’en septembre 2015, les efforts de Bernard Decré pour faire la lumière sur cette histoire ont été récompensés par le Diplôme « Paul Tissandier », délivré par la Fédération aéronautique internationale (FAI). Cela vaut-il homologation de la traversée de l’Atlantique-Nord par Nungesser et Coli? A priori non… Le nom des deux aviateurs français ne figure pas dans la base de données des records enregistrés par cette organisation. Contrairement à celui de l’américain Charles Lindbergh [voir ici].

Faut-il néanmoins considérer que Nungesser et Coli ont été les premiers à traverser l’Atlantique-Nord en avion? Même si on veut le croire croire, en raison de l’admiration portée à Charles Nungesser et à François Coli, il faudrait, en toute objectivité, des éléments matériels concrets pour l’affirmer (les témoignages étant toujours sujets à caution).

Cela étant, les villes de Paris et Boulogne-Billancourt ont considéré que les éléments disponibles étaient suffisants pour attribuer la paternité de la première traversée de l’Atlantique Nord en avion à Nungesser et Coli.

Le 17 octobre, la rue portant leur nom, située dans le XVIe arrondissement, à la limite de la commune de Boulogne-Billancourt, a reçu une nouvelle plaque, dont la mention affirme désormais que Charles Nungesser et François Coli « ont traversé l’Atlantique les 8 et 9 mai 1927 à bord de l’Oiseau blanc » et « furent naufragés devant Saint-Pierre-et-Miquelon. » Il n’est donc plus dit que les deux hommes ont été portés « disparus au cours de la traversée de l’Atlantique Nord en 1927 »

« Nous redonnons enfin le prestige qu’ils méritent à ces deux héros », a commenté Pierre-Christophe Baguet, le maire (LR) de Boulogne-Billancourt. « Grâce à cette plaque, nous réhabilitons l’histoire de ces aviateurs », a enchéri Catherine Vieu-Charier, chargée de la mémoire et du monde combattant à la Mairie de Paris. « Nous sommes dans le centenaire de la Première Guerre mondiale, c’est l’occasion de rendre hommage à ces hommes courageux. Ils ont véritablement fait un exploit », a-t-elle ajouté.

L’armée de l’Air a rendu compte de cet évènement, ce qui « officialise » ce qui n’est, pour l’instant, qu’une hypothèse, par ailleurs encore contestée, comme l’admet lui-même, avec honnêteté, Bernard Decré.

Peut-être que l’on saura le fin mot de cette énigme bientôt : M. Decré espère pouvoir mener une nouvelle campagne de recherche, cette fois dans le secteur de Clifford Park, dans le Maine, afin de tenter d’y trouver le moteur de l’Oiseau blanc, lequel aurait été poussé par les courants dans cet endroit.

S’il y arrive, alors les villes de Paris et de Boulogne-Billancourt auront pris un peu d’avance. Et il faudra revoir les livres d’histoire en rendant à Nungesser et Coli la place qu’ils méritent (aux dépens de Costes et Bellonte). Quant à Charles Lindbergh, il restera le premier pilote à avoir traversé seul l’Atlantique-Nord.

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