La Grèce pourrait dépenser jusqu’à 2 milliards de d’euros pour moderniser ses avions F-16

Huit ans après le début de la crise de sa dette publique, la Grèce a toujours de la peine à voir le bout du tunnel. Si son activité économique semble repartir avec une croissance attendue de 1,5 à 2% cette année, grâce au tourisme, et que son taux de chômage a légèrement diminué, passant de 24,4% (en 2015) à 23% (avec tout de même 50% de jeunes sans emploi), elle n’a pratiquement pas de marge de manoeuvre.

En mai, Athènes a ainsi évité un défaut de paiement après avoir négocié une réduction de sa dette (qui représente 180% de son PIB) d’un montant de 7 milliards d’euros auprès de ses créanciers, avec, en contrepartie, une réduction de 9% des pensions de retraites et une (nouvelle) hausse de la fiscalité.

Des mesures qui sont venues s’ajouter au passage de la TVA de 19 à 24%, à l’instauration de nouveaux impôts et taxes, à la hausse des cotisations sociales et des frais de santé ou encore à la baisse drastique des dépenses publiques. Il est estimé que 25% des Grecs n’ont plus de couverture médicale et vivent sous le seuil de pauvreté, c’est à dire avec moins de 370 euros par mois.

Pour autant, avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la Pologne et l’Estonie, la Grèce est l’un des cinq pays de l’Otan à dépenser l’équivalent de 2,36% de son PIB pour ses forces armées. Cela étant, comme le PIB grec a reculé de 25% durant la crise, son effort de défense est moins important que par le passé en volume.

Cela étant, ce niveau de dépenses militaires a souvent été reproché à la Grèce depuis le début de la crise. Mais, les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont plus ou moins maintenu le cap, même si, dans les faits, le budget grec de la Défense est passé de 6 milliards en 2009 (3,3% du PIB) à environ 4 milliards actuellement.

Pour justifier son effort militaire, la Grèce fait valoir qu’elle se trouve dans une région instable (car située entre le Proche-Orient et les Balkans) et que les différends avec la Turquie n’ont toujours pas été réglés, ce qui donne parfois lieu à des tensions en mer Égée.

L’un des soucis de la Grèce est qu’elle ne dispose pas d’une industrie nationale de l’armement, ce qui l’oblige évidemment à se tourner vers des partenaires extérieurs pour équiper ses armées, dont l’Allemagne (qui a absorbé 58% des dépenses militaires grecques en 2010, avec la vente de sous-marins dans des conditions douteuses). La France et les États-Unis font également partie des principaux fournisseurs.

Et c’est d’ailleurs vers l’industrie américaine qu’Athènes regarde… En effet, à l’occasion de la visite du Premier ministre grec, Alexis Tsipras, à Washington, la Defense Security Cooperation Agency, chargée des autorisations de ventes d’armes à l’étranger, a recommandé au Congrès d’accepter la modernisation des avions de combat F-16 actuellement mis en oeuvre par la Grèce. Le tout pour un montant de 2,4 milliards de dollars (soit 2 milliards d’euros).

Il est ainsi question de porter les 155 F-16 C/D Block30/50/52 (dont 40 en version biplace) grecs au standard Block 70 (dit « Viper »), c’est à dire le dernier développé par Lockheed-Martin. Il s’agira notamment de les doter du radar à antenne active (AESA, pour Active Electronically Scanned Array) APG-83, d’un ordinateur de mission avancé, d’un affichage de suivi de terrain (Center Pedestal Display), d’un nouveau système de liaisons de données Link-16 ainsi que d’une connectivité et d’une avionique améliorées.

Pour la force aérienne grecque, ce contrat redonnera du potentiel aux F-16 les plus anciens, qu’elle a reçus en 1985 dans le cadre du programme Peace Xenia. En outre, disposer d’une flotte homogène lui permettra de réduire les contraintes et les coûts dans le maintien en condition opérationnelle (MCO) ainsi que de patienter jusqu’à le mise en service d’un nouvel appareil, qui pourrait être le… F-35A de Lockheed-Martin. Le ministre grec de la défense, Panos Kammenos, n’a en effet pas caché l’intérêt d’Athènes pour cet avion, décrié pour son prix. D’ailleurs, ses services auraient adressé une demande d’informations sur ce que coûterait la mise en oeuvre de 20 exemplaires.

Ce choix pour le F-35 s’explique par la volonté de la Grèce de ne pas se laisser distancer par la Turquie, qui, en plus d’être bientôt dotée de cet appareil, développe le TFX, un autre avion de 5e génération. Cela étant, une éventuelle commande n’est pas pour tout de suite : le vice-ministre grec de la Défense, Dimitris Vitsas, ayant évoqué 2025 comme échéance.

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