Quand l’empereur Napoléon Ier envisageait d’envahir l’Angleterre par… les airs

« Si je n’étais pas devenu général en chef… je me serais jeté dans l’étude des sciences exactes. J’aurais fait mon chemin dans la route des Galilée, des Newton. Et puisque j’ai réussi constamment dans mes grandes entreprises, eh bien, je me serais hautement distingué par des travaux scientifiques. J’aurais laissé le souvenir de belles découvertes. Aucune autre gloire n’aurait pu tenter mon ambition », aurait dit l’Empereur Napoléon Ier, d’après le poète Népomucène Lemercier.

Il est vrai que l’on retient de la période du Consulat et du Ier Empire que l’épopée de la Grande Armée et les réformes tant juridiques qu’administratives laissées par Napoléon Bonaparte et dont certaines sont encore en vigueur aujourd’hui. Mais c’est oublier que, à l’époque, la France était aussi une grande puissance scientifique, avec d’éminents savants, avec Pierre Simon Laplace (astronomie et physique mathématique), Jean-Baptiste Biot (pionnier de l’utilisation de la lumière polarisée), François Arago (physique), Louis Joseph Gay-Lussac (chimie), Joseph Fourier (mathématiques), Jean-Baptiste de Lamarck (biologie), Xavier Bichat (médecine) et tant d’autres…

Comme on le voit, le Ier Empire était donc une période faste pour les sciences françaises. Ce qui donna lieu à quelques projets étonnants en matière militaire. C’est ainsi que le sous-marin aurait pu voir le jour pendant le règne de Napoléon Ier si les essais du Nautilus, un submersible proposé par Robert Fulton, un ingénieur américain francophile, avaient été concluants pour une utilisation opérationnelle (ce qui était loin d’être le cas… à cause de son manque de discrétion).

Plus étonnant encore, ce projet de « machine aérostatique » qui aurait pu être utile à la Grande Armée pour envahir l’Angleterre. Les détails de cette « innovation » font partie d’un lot de documents exceptionnels que les Archives nationales et la Fondation Napoléon souhaitent restaurer et numériser pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

« Ce projet de machine aérostatique est extrait de la cartothèque de la secrétairerie d’État. Dès 1794, des ballons captifs sont employés lors de batailles, notamment celle de Fleurus. Sous le Directoire, le général Bonaparte a également bénéficié d’un ballon et des aérostiers nécessaires à ses opérations. Jusqu’à l’Empire, l’art aérostatique relève du secret d’État. Élèves et ingénieurs sont fortement encouragés à élaborer des projets de machines dont les applications s’étendent du soutien aux armées à la connaissance de la topographie », expliquent les Archives Nationales.

Le cabinet de l’Empereur avait à traiter des dizaines de dossiers par jour, dont beaucoup étaient accompagnés de plans, cartes et croquis afin d’aider Napoléon Ier à prendre ses décisions. Qu’a-t-il pensé de ce projet de machine aérostatique? Des fonds ont-ils été débloqués pour faire des essais? Mystère…

Quoi qu’il en soit, ces 1.800 documents, dont beaucoup étaient jusqu’à présent restés inaperçus, doivent être en partie restaurés. « Parfois réalisés sur des supports fragiles comme le papier calque, ils portent souvent des annotations, dont certaines sont de la main de l’Empereur. Leur manipulation présente des dangers pour leur conservation », souligne la Fondation Napoléon.

D’où la souscription qu’elle vient de lancer avec les Archives Nationales pour réunir les 250.000 euros nécessaires pour assurer ce travail. « Seule une externalisation de la restauration auprès de prestataires spécialisés peut assurer la sauvegarde et la mise à disposition au public de cet héritage inestimable », est-il expliqué.

Plus :  Voir le site de la Fondation Napoléon – https://fondationnapoleon.org/activites-et-services/patrimoine/sauver-les-dessins-et-plans-de-napoleon-an/

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