Face à la Russie, la revue stratégique plaide pour la fermeté et le dialogue

Le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2013 se voulait plutôt conciliant avec la Russie, alors décrite comme un pays se donnant « les moyens économiques et militaires d’une politique de puissance ».

Les relations de la Russie avec la France « conjuguent des dimensions de coopération (équipements militaires, appui logistique lors du retrait d’Afghanistan), des convergences (Mali, Afghanistan) et des divergences (Syrie). Le difficile équilibre qui prévaut aujourd’hui, pour la France comme pour l’Europe, entre toutes ces dimensions de la relation avec la Russie est probablement appelé à durer. La France a fait de la coopération étroite avec Moscou un de ses objectifs politiques pour la déclaration du Sommet de Chicago de l’Otan », était-il affirmé dans ce document.

« La relation avec la Russie doit être en permanence entretenue et consolidée, dans un contexte où les logiques de puissance et d’interdépendance se mêlent et parfois s’opposent », pouvait-on y lire.

Plus de quatre ans plus tard, le ton de la Revue stratégique, publiée ce 13 octobre, est tout autre. Il faut dire que les choses ont considérablement évolué.

Ainsi, cette Revue stratégique énumère de nombreux griefs reprochés à la Russie, en commençant, évidemment, par « l’annexion de la Crimée », qui « viole les principes d’Helsinki et fragilise l’architecture de la sécurité » en Europe.

Et le document d’insister : « L’annexion illégale de la Crimée s’est accompagnée d’un renforcement massif et rapide des capacités militaires russes, qui lui confère un rôle de bastion méridional en mer Noire, comparable à la situation de Kaliningrad en mer Baltique. »

Outre la question de la Crimée, la Revue stratégique avance que, « tout en dénonçant ‘l’expansionnisme occidental’, la Russie cherche à affaiblir le lien transatlantique et diviser l’Union européenne » en développant, d’une « manière inédite depuis la Guerre Froide », une « politique d’affirmation tous azimuts (flanc est, Méditerranée, Syrie, Balkans) et dans tous les champs. » Cette dernière, poursuit le document, « s’inscrit notamment dans une logique de sphère d’influence, qui s’accompagne d’un recours préoccupant à des formes d’intimidation stratégique. »

À ce propos, la Revue stratégique dénonce la « posture provocatrice de Moscou » dans la région de la Baltique, avec des « démonstrations militaires récurrentes ». Même chose pour l’Atlantique Nord, théâtre d’une « recrudescence des activités russes (vols de bombardiers stratégiques, déploiements de sous-marins), jusqu’aux approches nationales) », lesquelles « constituent un espace essentiel pour la défense collective de l’Otan, pour les intérêts économiques de l’Europe et pour la liberté d’action des forces françaises, notamment pour la dissuasion nucléaire. »

Pour les auteurs du document, cet « activisme russe dans ces zones est un motif majeur de préoccupation, partagé par nos principaux alliés, qui mobilise en retour des moyens conséquents. »

Enfin, la Revue stratégique accuse également la Russie de mener un « travail de contestation ou de blocage des institutions et instruments internationaux » et de promouvoir, quand « ses intérêts sont en jeu », des « instances régionales alternatives. »

Par ailleurs, le document souligne que la Russie a consenti d’importants efforts pour moderniser ses capacités militaires, avec des budgets équivalents à 3 ou 4% de son PIB. Si certains domaines n’ont pas encore atteints les standards occidentaux, d’autres, « suffisamment nombreux », sont désormais assez modernes et performants pour « offrir à la Russie des capacités d’intervention très substantielles dans ce qu’elle estime être son ‘étranger proche’, qui est aussi celui de l’Europe. » Qui plus est, ses forces stratégiques sont en passe d’être entièrement renouvelées.

Aussi, pour la Revue stratégique, « cette de la puissance russe appelle en réponse une fermeté ». Mais pas seulement puisque, dans le même temps, cette dernière doit « s’accompagner d’un dialogue, notamment sur les sujets d’intérêt commun, pour lesquels Moscou demeure un acteur clé », avec l’objectif de « définir les modalités d’une relation constructive entre l’Europe et la Russie. »

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