Pour Israël, le Liban et la Syrie constitueront un seul front en cas de guerre

Le 10 octobre, la diplomatie américaine a promis des récompenses pouvant atteindre 7 millions de dollars pour toute information menant à « la localisation, l’arrestation ou la condamnation dans tout pays » de Talal Hamiyah et de Fouad Chokr, deux responsables de la branche militaire du Hezbollah libanais, considérée à Washington comme étant une organisation terroriste.

Ainsi, Talal Hamiyah dirigerait la « l’Organisation de sécurité extérieure (ESO) du Hezbollah, qui entretient des cellules organisées dans le monde entier ». À ce titre, il serait « lié à plusieurs attentats terroristes » ou « enlèvements visant des Américains. » Quant à Fouad Chokr, il est décrit comme étant « un haut commandant militaire du Hezbollah au Sud-Liban », ayant tenu un « rôle central dans la planification et l’exécution de l’attaque perpétrée contre une caserne des Marines américains le 23 octobre 1983 à Beyrouth, qui a causé la mort de 241 soldats américains. »

Pour Nathan Sales, le responsable du contre-terroriste au département d’État, ces primes ainsi promises sont une « nouvelle étape pour accroître la pression sur eux et sur leur le Hezbollah », qui « reste l’une des organisations terroristes les plus dangereuses au monde ».

« Le Hezbollah demeure une menace pour les États-Unis, pour la sécurité des États du Moyen-Orient et au-delà. Il est temps que d’autres pays se joignent aux États-Unis en présentant cette organisation meurtrière pour ce qu’elle est, en s’attaquant à ses réseaux et à ses soutiens et en préparant une riposte mondiale à la menace qu’elle représente pour le monde civilisé », avait expliqué, la veille, Tom Bossert, le conseiller à la sécurité intérieure du président Trump, dans une tribune publiée par Le Monde.

Des propos que ne renieraient pas les responsables israéliens étant donné que, selon eux, le Hezbollah, soutenu par l’Iran, constitue l’une des principales menace contre leur pays. Et ils regardent de très près l’évolution de la situation en Syrie, où les miliciens chiites libanais et la force iranienne Al-Qods [unité d’élite des Gardiens de la révolution ndlr] ont accru leur influence, à la faveur de leur soutien au régime de Bachar el-Assad.

« Le Hezbollah a déployé plus de 10.000 combattants dans le sud de la Syrie. Le Hezbollah est une armée d’infanterie, de roquettes, de chars, de forces d’élite. Nous opérons comme nous le faisons dans le sud du Liban, mais, évidemment, d’une manière voilée », a ainsi indiqué un reponsable de la milice libanaise, selon Middle East Eye. Des effectifs qui paraissent cependant élevés au regard du nombre estimé de ses combattants (environ 15.000 selon l’armée isralienne, avec un vivier de « plusieurs dizaines de milliers » de sympathisants, selon le Département d’État).

« Nous sommes déterminés à empêcher nos ennemis de porter atteinte, ou même de créer une occasion pour porter atteinte, à la sécurité des citoyens d’Israël », a affirmé, début septembre, Avigdor Lieberman, le ministre israélien de la Défense. « Nous ferons tout pour empêcher l’existence d’un corridor chiite de Téhéran à Damas », a-t-il prévenu.

« Les graves menaces contre la sécurité d’Israël sont représentées par des organisations armées dont la plupart sont financées et soutenues par l’Iran », a, de son côté, souligné le général Herzl Halevi, le chef des services de renseignements militaires israélien.

Aussi, les dernières déclarations de M. Lieberman ne sont pas une surprise. « Lorsque la prochaine campagne militaire commencera, et peu importe où elle commencera, que ce soit dans le nord ou dans le sud, elle prendra immédiatement la forme d’une guerre sur deux fronts. Il n’y a plus de guerre sur un seul front, c’est notre hypothèse de base et c’est ce à quoi notre armée se prépare », a-t-il affirmé, le 10 octobre.

Et « Lors de la prochaine guerre au nord du pays, le Liban ne constituera pas le seul front. Il n’y a désormais plus qu’un seul front nord composé du Liban, de la Syrie, du Hezbollah, du régime de Bachar al-Assad et de tous ceux qui aident son régime », a prévenu le ministre israélien.

« Nous faisons tous les efforts possibles pour empêcher une prochaine guerre, mais dans le ‘nouveau’ Moyen-Orient, les évaluations qui nous étaient familières dans le passé – comme la faible probabilité [d’une guerre] – sont dorénavant simplement sans pertinence », a estimé M. Lieberman.

« Mon point de vue est que ‘ceux qui veulent la paix doivent préparer la guerre’. J’espère que nos ennemis de l’autre côté réfléchiront bien à toutes les initiatives qu’ils prendront contre Israël de manière à ce que nous ne soyons pas obligés de faire la démonstration des capacités de l’armée israélienne », a encore prévenu M. Liberman.

S’agissant du Liban, le ministre israélien considère que les forces armées libanaises ont perdu leur « indépendance » et sont devenues « une partie intégrante du Hezbollah qui lui donne des ordres ». Et cela alors que, justement, les États-Unis aident matériellement ces dernières, en leur fournissant notamment des véhicules, des hélicoptères ou encore des avions d’attaque légers A-29 Super Tucano

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