Mali : Des manifestations exigent le départ des militaires français de Kidal

Depuis une semaine, des habitants de Kidal, bastion touareg dans le nord du Mali, se réunissent pour exiger le départ des militaires français de la force Barkhane, accusés de « brutalité » lors de leurs interventions contre des sympathisants présumés des groupes jihadistes qui sévissent dans la région.

« Nous avons manifesté et nous continuerons de manifester parce que les troupes françaises doivent dégager », a affirmé un certain Alo Ag Mahmoud, l’un des organisateurs de ces rassemblements. « Elles n’ont rien à faire ici. Elles sont trop brutales, elles interviennent sans précaution dans des domiciles privés », a-t-il expliqué à l’AFP.

Le point de départ de ces manifestations, dont la première a essentiellement mobilisé des femmes, remonte au 1er octobre, quand la force Barkhane a perquisitionné deux maisons appartenant à Mahamadou Ag Rhissa, un commerçant à la réputation pour le moins sulfureuse.

D’après Sahelien.com, ce riche homme d’affaires donne dans la contrebande de carburant et le transport de migrants. Il serait également membre du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), une organisation qui, ayant « recyclé » de nombreux militants du groupe Ansar Dine au moment de l’opération Serval, est accusée de double jeu avec les milieux jihadistes.

« À Kidal, ce monsieur [Mahamadou Ag Rhissa] a la réputation de faire des trafics en tous genres, migrants, drogues, armes », ont affirmé plusieurs sources à RFI. « Ce ne sont donc pas les arrestations elles-mêmes mais la manière dont elles ont été menées qui a choqué les populations », ont-elle ajouté.

De son côté, le ministère malien de la Défense a décrit l’intervention des militaires français comme une « opération anti-terroriste menée sur la base d’informations très solides reçues par le centre de commandement Barkhane de N’djamena. »

Ce n’est pas la première fois que la présence de la force Barkhane à Kidal suscite des manifestations. L’an passé, la lettre spécialisée TTU avait parlé de « guerre de propagande » livrée par les groupes jihadistes. « Les campements nomades sont régulièrement visités sinon financièrement aidés, les populations urbaines sont, elles, travaillées par des rumeurs récurrentes et des campagnes d’affichages. Quant au web, il est l’objet d’une activité de contre-information en pleine croissance », avait-elle expliqué.

En outre, certaines personnalités en vue font preuve de duplicité, comme le député Ahmada ag Bibi qui, membre du HCUA après avoir été un cadre d’Ansar Dine, propose ses bons services à l’ambassade de France tout en voulant imposant la charia dans l’Adrar des Ifoghas. D’après TTU, sa soeur, Aminatou Walett Bibi, qui se dit opposée aux islamistes, a été à l’origine « de toutes les manifestations contre les forces françaises et la Minusma dans Kidal, Gao et Tombouctou ».

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