Selon l’ONU, 17 militaires français ont été blessés au Mali au cours des trois derniers mois

Le contenu du rapport que vient de remettre le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, au Conseil de sécurité ne surprendra ceux qui suivent avec attention l’actualité du Mali. En effet, il y est fait état de la détérioration « considérable » de la « situation politique » et des « conditions de sécurité » dans ce pays, avec notamment la reprise des combats entre les groupes armés signataires de « l’Accord pour la paix et la réconciliation » [ndlr, Coordination des mouvements de l’Azawad et la Plateforme], en particulier dans les régions de Kidal et de Ménaka.

Du coup, l’application de cet accord n’a pas avancé d’un pouce, alors que le Mali entrera bientôt dans une intense période électoral (élection présidentielle et référendum constitutionnel). Et quand il y a de l’instabilité, les groupes armés terroristes (GAT) en profitent.

Ce qui se traduit par des attaques « asymétriques », en particulier à Kidal, Gao et Tombouctou, contre la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), la force française Barkhane et les troupes maliennes (FAMa), ces dernières ayant subi deux fois plus d’attaques au cours des trois derniers mois par rapport au trimestre précédent.

« La violence a atteint un paroxysme au cours de la période considérée [juin, juillet, août, ndlr] », avec une hausse de 102,7% du nombre d’attaques par rapport au trimestre précédent, déplore le rapport de l’ONU.

Dans le détail, 44 attaques ont visé les FAMa et 21 autres ont concerné la MINUSMA. Quant à la Force Barkhane, elle a été attaquée à au moins 10 reprises. Lors de la précédente période, 37 attaques avaient été constatées, ce qui paraissait déjà élevé.

Évidemment, le bilan humain s’est alourdi. « On dénombre 15 morts parmi le personnel appartenant ou attaché à la MINUSMA (6 soldats de la paix, 1 membre du personnel civil et 8 contractants) et 34 blessés (25 soldats de la paix, 2 membres du personnel civil et 7 contractants) », note le rapport, qui précise également que 17 militaires français ont été blessés lors des trois derniers mois.

Cela n’est hélas pas surprenant. Récemment, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser, a indiqué que, cet été, la Force Barkhane (qui ne concerne pas seulement le Mali mais l’ensemble de la bande sahélo-saharienne) avait été visée par au moins un engin explosif improvisé (IED) par semaine, alors que 60% de ses véhicules blindés ne sont pas dotés du niveau de protection nécessaire contre ce type de menace.

À noter que huit soldats français du Détachement de Liaison et d’appui opérationnel n°4, basé à Tombouctou, avait été blessés par des obus de mortier, le 1er juin.

Quoi qu’il en soit, l’évolution de la situation au Mali a de quoi inquiéter. Si la plupart de ces attaques ont été revendiquées par leJamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans,) qui réunit plusieurs formations jihadistes (Ansar Dine, AQMI, al-Mourabitoune), l’État islamique du Grand Sahara pointe le bout de son nez. Cette organisation « opère actuellement dans la région frontalière entre le Mali et le Niger semble exploiter les tensions entre les communautés », note le rapport de l’ONU.

En outre, les violences gagnent d’autres régions maliennes. « La situation en matière de protection des civils s’est nettement détériorée dans les régions de Ménaka et de Mopti. La présence limitée des Forces de défense et de sécurité maliennes et les moyens restreints dont elles disposent pour contrer les menaces ont encore eu pour effet d’exposer les civils à des risques accrus, tout
comme les violations du cessez-le-feu et les affrontements qui ont eu lieu dans les régions de Gao et de Kidal et la situation instable qui règne à Ménaka », lit-on dans le document.

Ainsi, dans le cercle de Mopti, au moins 100 jihadistes (ou membres de groupes extrémistes violents, pour reprendre la dénomination de l’ONU), ont pris le contrôle de la ville de Dialloubé, le 4 juillet, et imposé leur loi (une dizaine de femmes y auraient été fouettées parce qu’elles ne portaient pas le voile).

« Dans la région de Tombouctou, des éléments extrémistes armés ont eu recours à des tactiques d’intimidation, dont une décapitation et trois enlèvements, qui ont instauré un climat de crainte et d’insécurité. Depuis le mois de juillet, des éléments soupçonnés d’être affiliés à Hamadou Kouffa, l’un des chefs du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, ont été repérés à plusieurs reprises dans le district de Niafunké, donnant à craindre la propagation d’une menace qui, à ce jour, touchait principalement la région de Mopti », énumère encore le rapport.

Enfin, M. Guterres se dit « troublé par la dimension transfrontalière de l’insécurité au Mali et par la menace croissante que représentent les groupes terroristes pour les pays voisins, notamment le Burkina Faso et le Niger. » D’où la raison d’être de la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), encore en mal de financement pour être pleinement opérationnelle.

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