Le chef de l’US Army en Europe affirme que l’exercice Zapad a mobilisé plus de 40.000 soldats russes

Organisé conjointement par la Russie et la Biélorussie, l’exercice militaire Zapad 2017, qui s’est déroulé entre le 14 et le 20 septembre à deux pas du stratégique passage dit de Suwalki, n’a pas donné lieu à d’incidents, comme le redoutaient les pays baltes et la Pologne, membres de l’Otan.

Officiellement, Zapad 2017 a mobilisé environ 13.000 soldats russes et biélorusses. Avant son lancement, Moscou avait expliqué qu’il s’agissait d’un exercice devant simuler l’infiltration, en Biélorussie et dans l’enclave russe de Kaliningrad, de « groupes extrémistes » ayant l’intention de commettre des attentats à des fins de déstabilisation. Le volume des effectifs mobilisés n’était pas sans importance car au-delà d’un certain seuil, des observateurs internationaux auraient dû être conviés à y assister, conformément Document de Vienne de l’OSCE.

Or, sur ce point, les pays baltes (en particulier la Lituanie) et l’Allemagne avaient affirmé que Zapad 2017 allait concerné pas moins de 100.000 soldats. Seulement, d’après les observations de l’Otan, on est loin du compte, même s’il n’en demeure pas moins que le volume des forces russes et biélorusses impliquées est largement supérieur à celui qui avait été annoncé.

« Il y avait probablement plus de 40.000 militaires dans cet exercice », a ainsi affirmé le général Ben Hodges, le commandant de l’US Army en Europe, ce 2 octobre, à Bruxelles. L’astuce a été de « compartimenter » Zapad 2017 en une « série d’exercices plus petits », a-t-il expliqué. Mais « d’une point de vue militaire, ils étaient tous connectés », a-t-il ajouté. Aussi, « le nombre de soldats russes impliqués dans l’exercice dépassait largement 12.700 », a conclu l’officier américain.

Un autre sujet d’inquiétude pour les pays baltes était que, lors des éditions 2009 et 2013 de Zapad, une attaque nucléaire avait été simulée contre la Pologne.

Cette année, « je n’ai pas vu dans le scénario ce qu’on avait vu auparavant, où le scénario démarrait avec une attaque nucléaire contre une ville occidentale », a indiqué le général Hodges. Toutefois, a-t-il continué, « la partie nucléaire (…) a lieu actuellement sous la forme d’un exercice séparé », qui a « démarré dès la fin de Zapad ».

« Ils [les Russes] avaient l’opportunité (…) de faire preuve de leur engagement pour la sécurité et la stabilité, mais au lieu de cela, ils ont préféré poursuivre un scénario dans lequel l’Ouest est menaçant, alors que ce n’est pas le cas », a encore déploré le général Hodges, qui a qualifié de « puissantes et sophistiquées » les capacités russes en matière de « guerre électronique » et de « cyberguerre » mises en oeuvre lors de Zapad 2017.

Cela étant, le général Hodges n’a pas explicitement confirmé les affirmations de Raimundas Karoblis, le ministre lituanien de la Défnese. « Il y a eu la simulation d’une attaque depuis la Fédération de Russie contre tous les pays baltes », avait-il en effet assuré, le 26 septembre. D’après lui, ces manoeuvres n’avaient rien de « strictement défensif » et n’étaient pas dirigées contre une menace terroriste mais contre un pays de l’Otan, via des moyens conventionnels.

« Bien que la Russie ait évité une rhétorique provocatrice, nous avons noté son attitude agressive lors de la préparation et du déroulement des exercices », a insisté M. Karoblis. De quoi justifier la demande visant à renforcer la présence des forces navales et aériennes de l’Otan dans la région de la Baltique.

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