Les forces ukrainiennes affaiblies par l’explosion de leurs dépôts de munitions

Pour la seconde fois depuis le début de cette année, un important dépôt de munitions appartenant aux forces armées ukrainiennes a été la proie d’un incendie ayant provoqué, comme l’on peut s’y attendre en pareil cas, des explosions en chaînes.

Un premier entrepôt a ainsi été détruit en mars. Implanté à Balakliïa, près de Kharkiv, il abritait pas moins de 138.000 tonnes de munitions et d’obus, destinées principalement les unités d’artillerie au contact avec les séparatistes pro-russes dans le Donbass [sud-est de l’Ukraine, ndlr].

Un an plus tôt, un incendie s’ était déjà déclaré dans ce même dépôt, avant d’être rapidement maîtrisé. Un avertissement sans frais dont personne n’a tenu compte… D’autant plus que, auparavant, il y avait eu des précédents, comme à Svatové, où un autre entrepôt de munitions fut secoué, en octobre 2015, par une série d’explosions ayant fait 2 tués.

Malgré ces destructions, un autre dépôt où était stockées 83.000 tonnes d’obus d’artillerie de calibre de 122 et 125 millimètres, situé cette fois près de Kalynivka, à 175 km au sud-ouest de Kiev, a également été la proie des flammes, dans la soirée du 26 septembre. Ce qui a provoqué, là encore, des explosions en chaîne. Près de 30.000 personnes ont dû être évacuées et l’espace aérien a été fermé dans un rayon de 50 kilomètres autour de la zone de l’incendie.

Évidemment, la destruction de ces entrepôt porte un coup dur aux forces ukrainiennes. « Le pays accuse le coup le plus dur porté à ses capacités militaires depuis le début de la guerre », a ainsi déclaré Alexandre Tourtchinov, le secrétaire du Conseil ukrainien à la Sécurité et à la Défense. « Le gouvernement va rencontrer des difficulté pour restaurer les réserves détruites dans les explosions au cours des deux dernières années », a souligné, de son côté, Anatoly Matios, un procureur militaire.

La piste d’éventuels sabotages n’est pas écartée. Ce ne serait d’ailleurs pas une surprise si l’on considère, en plus, les morts suspectes de plusieurs responsables du renseignement ukrainien (ainsi que celles, également suspectes, de chefs séparatistes du Donbass). Pour autant, les autorités ukrainiennes ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes.

« Il y a beaucoup d’entorses aux règles de sécurité (…) dans nos bases. En voici les conséquences. […] Nous avons montré que nous n’étions pas capables de protéger nos arsenaux stratégiques », a ainsi déploré M. Tourtchinov.

Le procureur militaire a été plus loin encore dans la dénonciation de l’incapacité à protéger ces dépôts de munitions. Ainsi, a-t-il dit, le système d’alarme incendie du dépôt de Kalynivka était en panne et l’équipe chargée de sa surveillance est sous-équipée, en plus d’être en sous-effectif. Mais ce n’est pas tout.

« Le problème principal est que les gardiens ont des salaires très faibles en plus d’être âgés », a souligné Anatoly Matios. En tout cas, il a précisé qu’aucun groupe « subversif » n’avait été repéré sur les lieux peu avant l’incendie.

« Les enquêteurs n’ont pas constaté la présence de groupes subversifs dans la région de Vinnytsia, tel que rapporté par Facebook et d’autres. Il n’y a pas d’information à ce sujet. Ils n’ont pas non plus d’informations sur la présence de drones aériens », a-t-il dit, lors d’une conférence de presse donnée à Odesa.

« Nous devons établir les raisons pour lesquelles cela s’est produit, qu’il s’agisse d’un stockage inadéquat, d’une mauvaise exécution des tâches ou d’un sabotage. Tous ces scénarios font l’objet d’une enquête », a conclu le procureur militaire ukrainien.

Photo : Explosion du dépôt de munitions de Kalynivka [capture d’écran]

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