Barkhane : Des systèmes d’ouverture d’itinéraire miné ont enfin été déployés au Mali

Étant donné que les pertes humaines subies par la force française Barkhane (mais aussi par la Minusma, la mission des Nations unies au Mali) sont en grande partie dues aux engins explosifs improvisés et autres mines placés par les groupes jihadistes sur les pistes, l’on pouvait se demander la raison pour laquelle des moyens aptes à faire faice à cette menace n’avaient pas encore été déployés au Sahel.

D’autant plus que, depuis l’opération Pamir en Afghanistan, l’armée de Terre, en particulier le 13e Régiment du Génie, dispose de 15 blindés multimissions Aravis, offrant une protection de niveau 4, de 3 véhicules MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) de type Buffalo et de Systèmes d’ouverture d’itinéraires minés (SOUVIM 1).

En avril 2016, après la mort de trois soldats du 511e Régiment du Train (RT) au Mali, l’État-major des armées (EMA) s’était enfin décidé à doter la force Barkhane de véhicules Aravis pour renforcer la protection des équipes EOD (Explosive Ordnance Disposal, démineurs) et suppléer les Véhicules de l’avant blindé EOD (VAB EOD). Mais il n’était toujours pas question de sortir les SOUVIM 1 de leur garage, à Valdahon alors qu’ils auraient été bien utiles pour ouvrir les itinéraires.

Mais c’est désormais chose faite. En effet, l’EMA vient d’annoncer l’arrivée, ces dernières semaines, à Gao, puis à Kidal et Tessalit, des Systèmes d’ouverture d’itinéraire miné de seconde génération (SOUVIM 2).

Le SOUVIM de base se compose d’un véhicule détecteur de mines (le VDM) et d’un véhicule tracteur de remorque (le VTR). Le premier dispose de deux panneaux détecteurs, ce qui lui permet de déceler les éléments métalliques d’un IED ou d’une mine enfouis jusqu’à 50 cm de profondeur. Et cela sur une largeur de 3,05 mètres. L’emplacement des objets éventuellement détectés est ensuite marqué avec liquide coloré.

Quant au second, il dispose des équipements similaires au VDM. Mais il est en plus muni de trois remorques lestées qui, dotées de roues fusibles, sont susceptibles de déclencher, par leur masse, les IED indétectables sur une largeur de 3,05 mètres.

Puis, il a été décidé d’améliorer ces engins, acquis en Afrique du Sud. Ce qu’ont fait les groupes MBDA et SERA. Ainsi, deux configurations sont désormais possibles.

Un premier attelage comprend un VDM à pneus basse pression et d’une remorque déclencheuse de mines (RDM 1) à pression. Il est équipé d’un leurre de mines à influence, d’un leurre infrarouge et d’un dispositif de déclenchement des mines à antenne. En outre, il dispose d’une signature thermique atténuée. Il peut rouler sur les mines antichar sans les déclencher (leurre massique) et il laisse, dans son sillage, un balisage visuels destinés au passage du deuxième attelage et du convoi à sécuriser.

Le second attelage est constitué par un VTR et deux remorques déclencheuses de mines (RDM 2 et 3). Il est doté d’un dispositif optique de suivi de trace qui lui permet de circuler en sécurité sur la partie déminée de l’itinéraire après le passage du premier attenlage. Quant aux RDM 2 et 3, leur rôle est de déclencher les mines à pression sur une plus grande largeur.

D’après l’armée de Terre, le SOUVIM 2 est en mesure de sécuriser 150 kilomètres d’itinéraire en 8 heures.

« Le SOUVIM 2 offre une capacité de détection supplémentaire aux profits des unités du génie, en pouvant prendre seul la tête d’un convoi sur de longues distances. Cette autonomie, et son efficacité pour détecter un panel très large de mines et de pièges, permettent de gagner des délais de progression lors des déplacements en convois, tout en optimisant la protection des soldats », explique l’EMA.

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