Le budget des Armées augmentera finalement de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022

Quand il n’était encore qu’un candidat parmi d’autres à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron s’était engagé à porter, d’ici 2025, les dépenses militaires française à 50 milliards d’euros, hors pensions et hors surcoûts liés aux opérations extérieures (OPEX).

Au regard de cette promesse, la trajectoire budgétaire que vient de préciser le gouvernement lors de la présentation du projet de loi de finances initiale pour 2018 ne permettra pas, à l’évidence, de tenir cet objectif. En revanche, celui d’un effort de défense équivalent à 2% du PIB (surcoûts OPEX compris) devrait être atteint.

Ainsi, pour 2017, le Parlement avait voté un budget de la Défense supérieur à ce que prévoyait la Loi de programmation militaire 2015-2019 actualisée, avec 32,69 milliards d’euros de crédits, dont 300 millions de recettes exceptionnelles (REX).

Selon le projet de loi de finances initiale pour 2018, les Armées pourront théoriquement compter sur un budget de 34,2 milliards d’euros (REX non comprises). En fonction du chiffre retenu en 2017, la progression des crédits de la Défense varie donc de 1,5 à 1,8 milliard. Cela a l’avantage de mettre tout le monde d’accord, le Premier ministre, Édouard Philippe, ayant avancé, à plusieurs reprises, une hausse de 1,6 milliard tandis que Florence Parly, la ministre des Armées, tablait sur 1,8 milliard.

Par la suite, le gouvernement entend augmenter le budget de armées de 1,7 milliard par an, jusqu’en 2022. Soit 100 millions par an de plus par rapport aux annonces faites par le président Macron lors d’un entretien donné à l’hebdomadaire Le Point au début du mois.

En apparence, la hausse des crédits alloués aux Armées est significative. Mais elle l’est moins à y regarder de près. En effet, outre le fait qu’elle devra prendre en compte la coupe de 850 millions d’euros appliquée cet été en étalant ou en reportant des programmes d’armement (qu’il faudra quand même bien payer un jour), il est prévu de faire supporter progressivement à la mission « Défense » l’ensemble des dépenses liées aux opérations extérieures et intérieures.

« À terme [en 2020, ndlr], 1,1 milliard d’euros seront dédiés au financement des opérations extérieures contre 450 millions d’euros actuellement, en adéquation avec le niveau d’engagement de nos forces », explique le ministère de l’Action et des Comptes publics. Cette orientation avait été voulue par l’ancien président Sarkozy, du temps où il était ministre de l’Économie de Jacques Chirac. Mais ce dernier s’y était vigoureusement opposé, ce qui avait valu un recadrage en règle de celui qui allait lui succéder à l’Élysée.

Jusqu’à présent, les surcoûts des opérations extérieures étaient pris en charge, à concurrence de 450 millions d’euros, par un financement interministériel. Ce qui n’est pas sans logique, comme l’a fait valoir le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées (CEMA), lors de la dernière Université d’été de la Défense.

« Qu’on ne prétende pas atteindre l’inatteignable, qui sera extrêmement dangereux, c’est-à-dire ‘le ministère des Armées, quoiqu’il arrive, prendra sous enveloppe la totalité des dépenses des opérations extérieures’. […] Un complément de solidarité interministériel […] est extrêmement important pour montrer que ce ne sont pas les armées qui décident de leurs engagements mais que c’est bien un engagement des armées de la France qui est voulu par le gouvernement, le président et qui est validé par le Parlement », avait plaidé le CEMA.

Qui plus est, cette logique est à double tranchant. Si les surcoûts OPEX sont supérieurs à 1,1 milliard d’euros, les armées seront perdantes… En revanche, s’ils sont inférieurs, elles seront gagnantes. Seulement, le premier cas est bien plus probable que le second [on fait face à un contexte d’aggravation des risques liés à notre environnement stratégique et de forte sollicitation des forces armées, reconnaît Bercy, ndlr] et l’on risque donc de connaître, à nouveau, les affres des coupes dans les investissements dédiés aux équipements pour compenser la différence.

D’ailleurs, l’exécution du budget 2017 le démontre. D’après La Tribune, il manquerait au moins 650 millions au ministère des Armées pour boucler l’année, soit un montant supérieur aux crédits encore gelés (610 millions). Là encore, s’il n’y a pas de financement interminestériel pour boucher le trou, les crédits d’équipements risquent, encore une fois, d’en faire les frais.

Ainsi, les surcoûts des OPEX vont atteindre 1,3 milliards (au lieu des 1,1 milliards escomptés) et ceux des opérations intérieures vont s’élever à 203 millions. Et c’est un minimum car l’intervention aux Antilles pour secourir les sinistrés de la dernière vague d’ouragans alourdira la note (avec notamment le déploiement du BPC Tonnerre et les rotations de 2 A400M). Enfin, les « économies de facteur » qui devaient permettre d’absorber en partie la facture des mesures prises après les attentats de 2015, ne sont pas totalement au rendez-vous, le baril de pétrole ayant été plus cher que prévu (40,9 euros attendus alors que son prix a fluctué entre 41,2 et 52,4 euros).

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