Le secrétaire général de l’Otan se dit favorable à l’envoi d’une force de l’ONU dans l’est de l’Ukraine

Début septembre, le président russe, Vladimir Poutine, a surpris tout le monde en se disant favorable à une mesure qu’il avait jusqu’à présent toujours refusée, à savoir le déploiement d’une force de maintien de la paix des Nations unies dans le sud-est de l’Ukraine (Donbass), théâtre depuis plus de trois ans de combats entre des factions séparatistes pro-russe et les forces gouvernementales ukrainienne.

Malgré les accords de Minsk II, le cessez-le-feu entre les deux parties n’a jamais été totalement respecté. Et la Mission spéciale d’observation (SMM, Special Monitoring Mission) envoyée sur la ligne de contact par l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe , ndlr] pour vérifier son application et voir si les belligérants se conforment à leurs engagements, éprouve beaucoup de difficultés à réaliser sa mission. Depuis 2014, elle a en effet été souvent la cible d’intimidations, voire d’agressions. Et ses moyens d’observation – des drones – sont régulièrement brouillés.

Aussi, pour M. Poutine, une force des Nations unies permettrait d’assurer la protection des observateurs de l’OSCE. D’où sa proposition, faite lors du sommet des BRICS, en Chine, le 5 septembre dernier.

« Je trouve tout à fait appropriée la présence de forces de maintien de la paix, ou plutôt de personnes assurant la sécurité de la mission de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe , ndlr], et je n’y vois rien de mauvais », a en effet déclaré le chef du Kremlin, à cette occasion.

Cette proposition, qui fait l’objet d’un projet de résolution appelé à être soumis au Conseil de sécurité des Nations unies, a été saluée par la diplomatie américaine, qui reste cependant méfiante. Étant donné leur implication dans le dossier ukrainien (dans le cadre du format dit de Normandie), la France et l’Allemagne ont fait part de leur « intérêt », mais avec quelques bémols. Seulement, à Kiev, l’on affiche un désaccord, non pas sur le principe d’une mission de l’ONU mais sur ses modalités.

Pour le président russe, cette force des Nations unies ne pourrait être envoyée que sur la ligne de contact entre les forces urkrainiennes et les séparatistes. Aussi, il n’est pas question qu’elle soit présente dans les républiques autoproclamées (et sécessionnistes) de Donetsk et de Lougansk.

Ce qui est inacceptable pour Kiev pour qui les Casques bleus devraient être déployés le long de sa frontière avec la Russie. Faute de quoi, a fait valoir le président ukrainien, Petro Porochenko, à la tribune des Nations unies, le 21 septembre, cette proposition ne ferait que servir « la volonté de la Russie de légaliser la situation et de geler le conflit à jamais. »

Bien que l’Ukraine ne fasse pas partie de ses membres [ndlr, elle a seulement adhéré à son Partenariat pour la Paix, PPP], l’Otan suit de près la situation dans le Donbass. Et son secrétaire général, Jens Stoltenberg, s’est dit favorable à l’envoi d’une mission des Nations unies dans l’est du pays.

« Je suis favorable à la proposition d’avoir des forces de paix de l’ONU en Ukraine », a en effet déclaré M. Stoltenberg, après avoir rencontré Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. « J’accueille favorablement toutes les initiatives, dont la proposition russe, pour avoir une présence de l’ONU dans l’est de l’Ukraine », a-t-il insisté.

Seulement, même si la proposition russe est accueillie « favorablement », M. Stoltenberg a toutefois mis des conditions. « Ce qui est important c’est que l’ONU soit présente dans l’ensemble de l’est ukrainien et pas seulement sur la ligne de contact », a-t-il dit, rejoignant ainsi la position ukrainienne.

Mais sur ce point, Moscou n’entend rien céder. « Ils [les représentants de l’Ukraine] veulent que les forces de l’ONU soient déployées sur l’ensemble du territoire de l’Ukraine, frontière russo-ukrainienne comprise. La Russie n’est pas partie prenante au conflit, c’est pourquoi le déploiement des forces de l’Onu à sa frontière est dénué de tout sens », a dit, sans sourciller, Guennadi Gatilov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères.

Cela étant, avec la baisse du budget alloué aux opérations de maintien de la paix des Nations unies a été réduit (sous la pression des États-Unis), il faudra non seulement trouvé des financements mais aussi des contributions pour mettre en place cette mission dans l’est de l’Ukraine. Ce qui est encore loin d’être gagné.

En attendant, une nouvelle rencontre dans le format dit Normandie pourrait avoir lieu après les élections allemandes. Du moins, c’est ce qu’a déclaré le président Macron, après rencontré son homologue ukrainien. Pour Paris, il importe donc de « continuer, dans le cadre des accords de Minsk, la désescalade de la violence et les réformes en Ukraine. »

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