Si elle obtient son indépendance, la Catalogne veut créer sa propre armée

Nul ne sait si le référendum sur l’indépendance qu’entend organiser le gouvernement régional de la Catalogne, emmené par Carles Puigdemont, aura bel et bien lieu le 1er octobre prochain. Comme l’on pouvait s’y attendre, Madrid s’y oppose fermement et le Tribunal constitutionnel espagnol a suspendu la loi catalane précisant les modalités de cette consultation.

Mais même si la tenue de ce référendum est déclarée illégale et en dépit de l’avertissement de Bruxelles qui a fait savoir qu’une Catalogne indépendante serait exclue de l’Union européenne, les autorités catalanes sont résolues à aller jusqu’au bout de leur logique, d’autant plus que l’offensive judiciaire de Madrid a, semble-t-il, soudé les partisans de l’indépendance. Et cela risque de donner lieu à une crise grave et créer un précédent en Europe.

Cette volonté de faire sécession est due à la bonne santé de l’économie catalane, qui représente environ 20% du PIB de l’Espagne, 30% de ses exportations et 50% de l’activité à forte valeur ajoutée. Selon Eurostat, avec un PIB de 28.000 euros par habitant, la Catalogne serait capable de rivaliser avec la France (31.700 euros/habitant) et l’Italie (25.900 euros/habitant).

Aussi, estimant que Madrid « profite » de ses bons résultats économiques, la Catalogne ne veut plus payer pour les autres. Du moins, telle est la logique qui anime les indépendantistes catalans.

La perspective de ne pas faire partie de l’Union européenne (et donc de l’euro) inquiéte cependant les milieux économiques catalans. Et, pour le moment, les sondages donnent une avance de près de 10% au « non » à l’indépendance. Mais un scrutin n’est (en théorie) jamais écrit d’avance.

Cela étant, que se passerait-il sur le plan militaire si, le référendum du 1er octobre valide la sécession de la Catalogne? Le gouvernement espagnol y enverrait-il l’armée afin de rétablir l’ordre constitutionnel? En tout, en octobre 2012, des élus catalans indépendantistes avaient déjà évoqué cette hypothèse, rappelant, dans un courrier adressé à la Commission de Bruxelles, que « l’article 8 de la Constitution indique que les forces armées ‘ont pour mission de garantir la souverainenté et l’indépendance de l’Espagne' ».

En tout cas, Carles Puigdemont a récemment estimé qu’il serait « absolument indispensable » de doter la Catalogne de ses propres forces armées en cas de sécession, comme au XVIIe siècle, à l’époque de la « guerre des faucheurs ».

« N’ayons pas de complexes, la Catalogne doit pouvoir disposer d’une politique de défense moderne, démocratique et comparable aux nations que nous considérons comme alliées », a en effet déclaré, fin août, M. Puigdemont, alors que la région de Barcelone venait d’être le théâtre d’attaques terroristes revendiquées par l’État islamique (EI).

Et d’ajouter : « Nous sommes face à un combat global, comme nous l’avons constaté ces derniers jours, face à une grave menace, la menace jihadiste. Nous avons besoin de renseignements et de ressources militaires pour affronter ces attaques des guerres modernes ».

La Catalogne ayant une façade maritime, elle aura besoin d’une force navale. Et même s’il ne s’agit que d’acquérir des patrouilleurs, cela a un coût. Même chose pour surveiller son espace aérien et ses frontières terrestres. Si elle consacre 2% de son PIB à sa défense, son budget militaire serait équivalent à un peu plus de 4 milliard d’euros, ce qui la situerait entre la Belgique et la Suisse.

Seulement, au niveau des coopérations militaires, l’affaire s’annonce compliquée. Au niveau des alliances, une Catalogne indépendante, déjà exclue de l’UE, aurait en effet du mal à rejoindre l’Otan, étant donné que tout candidat à une adhésion doit obtenir l’aval de l’ensemble des Alliés pour faire partie de l’Alliance. Or, sur ce point, l’Espagne mettra son veto.

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