Avec Zapad 2017, la Russie se prépare « pour une grande guerre », dit un responsable militaire de l’Otan

Le général tchèque Petr Pavel, le président du comité militaire de l’Otan, ne passe pour être alarmiste. Ainsi, en juin 2016, lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées, il avait estimé que la Russie « ne présentait pas une menace imminente » tout n’écartant pas la volonté de son président, Vladimir Poutine, de défier l’Alliance atlantique.

« Des intérêts communs existent entre l’Alliance, l’Union européenne, nos propres pays et la Russie. Nous devons accepter que la Russie puisse être un concurrent, un compétiteur, un adversaire, un pair ou un partenaire – voire tout cela en même temps. […] Cette complexité est une réalité de notre environnement stratégique contemporain » et cela « demande une approche pratique et sophistiquée qui prend en compte le fait que la Russie veut devenir un partenaire mondial et acquérir un pouvoir mondial », avait ainsi expliqué le général Pavel aux sénateurs français.

Cela étant, l’exercice Zapad 2017 qui, mené conjointement par les forces russes et biélorusses, vient de débuter, préoccupe depuis plusieurs mois les responsables de l’Otan, dans la mesure où ces manoeuvres se déroulent dans l’enclave russe de Kaliningrad et en Biélorussie, à deux pas du passage dit de Suwalki qui est le seul accès terrestre reliant les pays baltes aux autres pays de l’Alliance et de l’Union européenne.

Or, il est reproché à la Russie de manquer de transparence au sujet de cet exercice, qui vise à simuler l’infiltration de « groupes extrémistes » en Biélorussie et à Kaliningrad pour y commettre des actes terroristes à des fins de déstabilisation.

Officiellement, Zapad 2017 mobilise environ 13.000 soldats. Mais selon le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, il y a « toutes les raisons de croire que le nombre de troupes sera substantiellement plus élevé que ce qui a été annoncé ». En outre, certains estiment qu’il servira de prétexte aux forces russes pour laisser des matériels en Biélorussie en vue d’une utilisation future.

Les manoeuvres Zapad-2017 « sont désignées pour nous provoquer, pour tester nos défenses et c’est pour cela que nous devons être forts », a ainsi affirmé, le 10 septembre, Michael Fallon, le ministre britannique de la Défense.

« La Russie est capable de manipuler les chiffres avec une grande aisance, c’est pourquoi elle ne veut pas d’observateurs étrangers. Mais 12.700 soldats annoncés pour des manoeuvres stratégiques, c’est ridicule », a commenté Alexandre Golts, un expert militaire russe indépendant, cité par l’AFP.

Ce manque de transparence de la Russie, qui ne s’inscrit pas dans l’esprit du Document de Vienne de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ndlr], est un sujet de préoccupation pour le général Pavel, même s’il a rencontré, il y a deux semaines, le chef d’état-major des armées russes, le général Valery Gerasimov, pour évoquer cet exercice.

« Ce que nous voyons est une préparation sérieuse pour une grande guerre », a en effet dit le général tchèque lors d’un entretien donné le 16 septembre à l’Associated Press, en marge d’une réunion du comité militaire de l’Otan en Albanie. « Lorsque nous regardons uniquement l’exercice qui est présenté par la Russie, il ne devrait pas y avoir d’inquiétude. Mais quand on regarde la situation dans son ensemble, nous devons nous inquiéter parce que la Russie n’est pas transparente », a-t-il ajouté.

Le premier sujet de préoccupation du général Pavel porte sur le niveau des effectifs engagés dans l’exercice Zapad 2017. Selon lui, ils pourraient atteindre 70.000 soldats, voire 100.000.

« Nous avons une forte concentration de troupes dans les pays baltes. Nous avons une forte concentration de troupes en mer Noire. E le risque d’un incident peut être assez élevé en raison d’une erreur humaine ou d’une panne technologique », a souligné le général Pavel. « Nous devons être sûrs qu’un tel incident involontaire n’entraînera pas de conflit », a-t-il insisté.

Cela étant, la Biélorussie a annoncé, le 16 septembre, avoir invité des représentants de 7 pays (Lettonie, Lituanie, Estonie, Pologne, Suède, Norvège et d’Ukraine) pour observer les exercices de Zapad 2017 qui auront lieu sur son territoire. Il s’agit ainsi de répondre au « désir de développer la coopération et la bonne entente entre voisins, ainsi que les principes de réciprocité, d’ouverture et de transparence », a fait valoir le ministère biélorusse de la Défense. Jusqu’à présent, Moscou n’avait autorisé la venue que de trois oberservateurs de l’Otan, uniquement lors de la journée organisée pour les « visiteurs ».

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