Le sous-marin nucléaire américain USS Jimmy Carter sous pavillon pirate

Il n’est pas possible de faire ce que l’on veut avec le « Jolly Roger », que les pirates, notamment d’origine anglo-saxonne (*), hissaient au XVIIe siècle avant d’aller à l’abordage d’un vaisseau. En effet, les navires de commerce, de pêche ou de plaisance sont tenus d’aborer leur pavillon national et non celui sur lequel figurent une tête de mort surmontant deux tibias (ou sabres) croisés.

Pour les navires militaires, il y a quelques exceptions. Ainsi, l’aviso Commandant l’Herminier et le sous-marin nucléaire d’attaque Casabianca sont les deux seuls navires de la Marine nationale à être autorisés à hisser le pavillon noir des pirates. Et cela, pour des raisons historiques.

En 1943, le commandant Jean l’Herminier, « pacha » du sous-marin diesel Casabianca, avait reçu le « Jolly Roger » de la part de la Royal Navy pour ses missions clandestines en Méditerranée.

Pour les britanniques, il s’agit d’une tradition qui remonte à la 1914, quand le sous-marin HMS E9 envoyé par le fond le croiseur allemand Hela, son commandant ayant fait hisser le pavillon noir lors du retour à sa base, afin de marquer la réussite de sa mission. Lors de Seconde Guerre Mondiale, plusieurs navires de la Royal Navy ont pu arborer le Jolly Roger. Cela a notamment été le cas du HMS Seraph, pour son rôle dans l’opération Mincemeat, dont l’objectif était d’intoxiquer l’état-major allemand sur les intentions alliées.

Aux États-Unis, l’US Navy n’a pas une telle tradition. Du moins pouvait-on le penser jusqu’à présent. En effet, d’après une image récemments diffusée par l’US Navy, on peut voir le sous-marin nucléaire USS Jimmy Carter avec le « Jolly Roger » hissé au côté de la bannière étoilée, lors de son retour à la base navale de Kitsap [État de Washington].

Ce qui est troublant dans cette histoire est que l’USS Jimmy Carter est un sous-marin particulier. Mis en service en 2005, ce bâtiment est notamment utilisé pour intercepter les communications transitant par les câbles sous-marins à fibres optiques.

Plus long de 33 mètres que les deux autres submersibles de la classe Seawolf à laquelle il appartient, l’USS Jimmy Carter peut mettre en oeuvre un sous-marin de poche, destiné aux commandos des Navy Seals ainsi que des drones sous-marins. Construit en acier haute résistance HY-100, ce qui lui permet de plonger jusqu’à -600 mètres, il dispose de trappes pouvant s’ouvrir à grande profondeur. Enfin, il est doté d’un module amovible pour faciliter les sorties des plongeurs.

Les missions de l’USS Jimmy Carter étant classifiées (mais pas les visages des membres de son équipage, à voir la photographie de l’US Navy), on n’en saura pas plus, pour le moment, sur celle qu’il vient apparemment d’accomplir avec succès (si tant est qu’il y ait un rapport avec la tradition britannique). Toutefois, étant donné la position de la base dont il dépend, il est possible d’imaginer qu’il ait été envoyé patrouiller du côté de la Corée du Nord, même si cette dernière n’est pourtant reliée à aucun câble sous-marin.

 

(*) À l’origine, ce pavillon s’appelait « Joli Rouge » (ce qui a donné, par déformation, Jolly Roger). Sa signification était : « pas de quartier »

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