Les Nations unies renforcent à nouveau les sanctions prises contre la Corée du Nord

La semaine passée, après le sixième essai nucléaire réalisé par la Corée du Nord, les États-Unis étaient décidés à frapper un grand coup en durcissant comme jamais les sanctions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies à l’égard de Pyongyang. Ainsi, il était question d’un embargo total sur le pétrole et le gaz, du gel des avoirs de Kim Jong-un, l’interdiction des importations du textile nord-coréen et l’inspection en haute mer, et par la force si besoin, de tout navire suspecté de violer les résolutions de l’ONU.

Seulement, pour la Chine et la Russie, alliées de la Corée du Nord, de telles mesures étaient inacceptables en l’état. Aussi, la diplomatie américaine a été obligée de revoir sa copie afin d’arriver à un consensus. Ce qui a pu donner lieu à un vote unanime du Conseil de sécurité, le 11 septembre au soir, sur le renforcement, à nouveau, des sanctions visant Pyongyang.

Ainsi, s’il y aura un embargo sur le gaz naturel imposé à la Corée du nord, il n’y en aura pas sur le pétrole. Toutefois, les importations nord-coréennes seront limitées à 500.000 barils de brut pendant trois mois à partir du 1er octobre, puis à 2 millions de barils à compter du 1er janvier 2018 pour une période de 12 mois. La résolution fixe également à de 2 millions de barils les livraisons de produits raffinés, que Pyongyang se procure essentiellement auprès de la Chine, qui de fournit aucun chiffre sur ses exportations en direction de son allié.

Cependant, d’après le Centre international du commerce (ITC), qui dépend de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et des Nations unies, la Chine aurait fourni 2,3 millions de barils de produits raffinés à la Corée du Nord en 2016.

Aussi, la résolution aurait un impact relativement limité (-15%) sur ce point précis. En outre, l’approvisionnement des forces armées nord-coréennes ne devrait pas être impacté. Qui plus est, il sera impossible de vérifier la quantité de pétrole qui transitera par l’oléoduc qui relie la Chine à la Corée du Nord.

Ce huitième train de sanction prévoit l’interdiction du textile nord-coréen (Moscou et Pékin n’avaient rien trouvé à y redire au premier abord). Là encore, on verra comment cette mesure sera appliquée, sachant que la Chine fournit la matière première qui permet de faire tourner les usines nord-coréennes, dont la main d’oeuvre est très bon marché. L’enjeu serait de priver la Corée du Nord d’une manne de 750 millions de dollars.

Une autre sanction vise à interdire la délivrance de nouveaux permis de travail aux travailleurs nord-coréens expatriés (qui constituent une source de revenus relativement importantes pour Pyongyang). Une telle mesure aura des effets limitée et tout dépendra comment elle sera appliquée en Chine et en Russie, où la Corée du Nord compte de nombreux ressortissants.

Par ailleurs, l’inspection, en haute mer, de navires suspects a été maintenue. Mais avec des restrictions. Ainsi, avant toute inspection d’un bâtiment, il faudra obtenir le feu vert du pays dont il porte le pavillon. Et il n’est plus question, évidemment, d’un éventuel recours à la force. Cette mesure ne devrait pas mettre un terme au trafic d’armes auquel se livre la Corée du Nord en direction de pays d’Afrique et du Moyen Orient.

Enfin, les avoirs de Kim Jong-un ne seront pas gelés. En revanche, ajoute Pak Yong Sik, un des responsables du programme de missiles balistiques, et trois agences nord-coréennes ont été placés sur une liste noire.

Pour les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Italie, cette nouvelle résolution est « très solide » et « équilibrée », tout en permettant aux Nations unies d’afficher leur « unité » et leur « détermination » face aux activités de la Corée du Nord. Pour Séoul, il s’agit d’un « avertissement sévère » pour Pyongyang, qui « doit comprendre que la dénucléarisation est la seule voie lui garantissant sécurité et développement économique. »

Du côté nord-coréen, on évoque une « résolution illégale et illégitime du Conseil de sécurité des Nations unies. » Et un diplomate d’insister : « Le régime de Washington est gonflé à bloc en vue d’une confrontation politique, économique et militaire, obsédé par son dessein néfaste d’enrayer la mise au point de la force nucléaire nord-coréenne, qui a déjà atteint son stade final. »

Cela étant, l’efficacité de ce nouveau train de sanctions reste à prouver, les précédents n’ayant pas empêcher la Corée du Nord de réaliser des progrès importants en matière de missiles balistiques et d’armes nucléaires.

La Corée du Nord « continue de contourner l’embargo sur les armes, les sanctions financières et sectorielles sévères » imposées par l’ONU, « montrant que plus le régime de sanctions est étendu, et plus les contournements sont nombreux », ont ainsi récemment souligné des experts des Nations unies, dans un rapport.

Entre février et août 2017, ce pays « a fait des progrès significatifs en matière d’armes de destruction massive en dépit du régime le plus complet de sanctions ciblées jamais réalisé dans l’histoire des Nations unies », ont-ils observé.

Et ces experts de conclure : « La non-application stricte du régime des sanctions couplée à des contournements de plus en plus importants par le pays sape les objectifs des résolutions en faveur d’un abandon par la Corée du Nord de toutes ses armes de destruction massive et l’arrêt de ses activités qui y sont liées. »

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