Le chef d’état-major de l’armée de terre indienne met en garde contre un conflit avec la Chine

Peu de monde connaît le plateau montagneux du Doklam. Et pourtant, il pourrait bien être la cause d’un conflit entre la Chine et l’Inde etant donné que ces deux pays, avec le Bouthan, en revendiquent la souveraineté.

Pour New Delhi, le plateau du Doklam est stratégique dans la mesure où il est situé qu’à seulement quelques dizaines de kilomètres du corridor de Siliguri. Appelé « cou de poulet », ce dernier permet d’assurer une continuité territoriale les plaines du nord et les États indiens du nord-est. Aussi, l’Inde veut empêcher toute militarisation de ce secteur.

Cette région a déjà donné lieu, à la fin des années 1960, à deux graves incidents frontaliers entre les troupes indiennes et chinoises. Et, depuis, les choses en restèrent là. Du moins jusqu’à la décision de la Chine d’y construire une route militaire. Décision évidemment contestée par l’Inde qui, en juin, y a envoyé des troupes pour faire barrage à ce chantier.

Pendant deux mois, les forces indiennes et chinoises se sont livrées à un face-à-face tendu, émaillé de quelques incidents et provocations ponctuels. Puis, fin août, New Delhi et Pékin ont annoncé le désengagement de leurs troupes respectives, à l’issue de « pourparlers diplomatiques ».

Cela étant, le plateau du Doklam n’est pas le seul sujet de contentieux entre les deux pays. L’Inde revendique la région de l’Aksaï Chin qui, situé au niveau du Ladakh, est contrôlée par la Chine. À l’inverse, Pékin ne reconnaît pas la souveraineté de New Delhi sur l’Arunachal Pradesh, considéré comme faisant partie du Sud-Tibet.

Reste que pour le général Bipin Rawat, le chef de l’Indian Army, la situation sur le plateau du Doklam est susceptible de s’envenimer graduellement pour devenir un conflit de plus grande ampleur avec la Chine.

S’exprimant devant le Center for Land Warfare Studies, un centre de réflexion basé à New Delhi, le général Rawat a accusé la Chine d’user de la tactique du « salami » afin d’évaluer les limites indiennes. C’est « quelque chose dont nous devons nous méfier », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Nous devons rester préparés à faire face à une telle situatuion, qui pourrait progressivement devenir un conflit. »

Pourtant, la probabilité d’une guerre entre l’Inde et la Chine semble limitée, étant donné que, disposant chacun de l’arme nucléaire, ces deux pays devraient éviter une telle issue. Mais tel n’est pas l’avis du général Rawat.

« Les armes nucléaires sont des moyens de dissuasion. Mais de là à dire qu’elles peuvent empêcher la guerre ou qu’elles ne permettront pas aux nations d’entrer en guerre, dans notre contexte, cela pourrait ne pas être vrai », a estimé le chef de l’Indian Army.

Et cela vaut également pour le Pakistan, qui, justement, pourrait profiter d’un conflit entre l’Inde et la Chine pour pousser son avantage. D’autant plus qu’Islamabad et la Pékin sont de proches partenaires.

« Le Pakistan [puissance nucléaire, ndlr] a lancé une guerre par procuration en Inde », a également accusé le général Rawat, en évoquant le cas de groupes terroristes actifs au Cachemire et soutenus par Islamabad.

« En raison de cette guerre de procuration, il y a toujours conflit avec notre voisin de l’ouest », a continué le général Rawat qui, en conséquence, plaide une préparation devant prendre en compte la possibilité d’une guerre sur deux fronts (au nord, avec la Chine, à l’ouest, avec le Pakistan). Cela étant, l’état-major indien envisage ce scénario depuis longtemps…

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