La participation de soldats moldaves à un exercice en Ukraine provoque une crise politique

Depuis 1996, l’armée moldave participe à l’exercice « Rapid Trident », organisé au Centre international de sécurité de Yavoriv [Ukraine] sous l’égide de l’US Army. Il s’agit de développer l’interopérabilité entre l’Ukraine, les États-Unis et les pays alliés et « partenaires » (ceux du Partenariat pour la paix – PPP) de l’Otan.

Et, cette année, le ministère moldave avait prévu d’envoyer 57 soldats pour prendre part à cet exercice. Seulement, le 5 septembre, le président Igor Dodon, élu en novembre 2016 en ayant affiché des positions pro-russes, a mis son veto à cette participation, jugée « inacceptable ». Et d’exiger « l’annulation des préparatifs à l’envoi d’un contingent » en Ukraine.

Sauf qu’Igor Dodon doit composer avec un gouvernement pro-occidental qui ne partage évidemment pas ses vues. Et le ministre moldave de la Défense, Gheorghe Galbura, est passé outre le veto présidentiel et annoncé, le 6 septembre, le départ des 57 soldats pour Yavoriv. De quoi provoquer une crise politique à Chisinau.

« Pour la première fois, le gouvernement a donné des instructions aux forces armées allant à l’encontre des ordres du chef des armées. C’est inacceptable. Que vous n’aimiez ou pas le président, il y a des lois, il y a un président élu », a vivement réagi M. Dodon, le 8 septembre, lors d’une conférence de presse.

Les soldats « sont partis jeudi soir, quand le décret présidentiel (interdisant leur participation) était déjà publié. Rien ne sera oublié, personne ne sera oublié », a encore averti le président moldave, qui a exigé la démission de Gheorghe Galbura.

En février, l’armée moldave avait été contrainte de renoncer à un exercice organisé par l’Otan en Roumanie. Une décision critiquée par Bucarest, qui dénonça alors le comportement « inamical » de Chisinau.

Cela étant, les sujets de contentieux entre le président Dodon et son gouvernement sont nombreux, que ce soit sur l’ouverture d’un bureau de liaison de l’Otan à Chisinau (comme il y’en a déjà un à Moscou), les relations avec l’Union européenne, le maintien de troupes russes dans la région sécessionniste de Transnistrie ou encore l’opportunité de rejoindre l’Union eurasiatique (Russie, Arménie, Biélorussie Kazakhstan).

Actuellement, les deux tiers des exportations moldaves se font vers l’Union européenne. En outre, la Moldavie « bénéficie du plus fort taux per capita d’aide européenne de tous les voisins orientaux de l’UE », indique le ministère français des Affaires étrangères. Quant à la Russie, auprès de laquelle M. Dodon n’a pas obtenu grand chose jusqu’à présent, elle investit surtout en Transnistrie.

Ces différends seront tranchés lors des prochaines élections législatives, qui auront lieu en 2018. Pour le moment, le Parti des socialistes de la République de Moldavie (PSRM) fait la course en tête dans les sondages d’opinion.

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