La Marine nationale principalement affectée par la coupe budgétaire de 850 millions d’euros?

Comme l’on pouvait s’y attendre, étant donné que c’est une vieille habitude en France (et parce qu’il est difficile de faire autrement), la coupe de 850 millions d’euros effectuée, cet été, dans le budget des Armées a essentiellement concerné le programme 146, c’est à dire l’équipement des forces. Restait à savoir quels investissements allaient en pâtir.

Le 19 juillet, alors que le général Pierre de Villiers, alors chef d’état-major des armées, venait d’annoncer sa démission, la question a été posée par les députés de la commission de la Défense au général Jean-Pierre Bosser, le patron de l’armée de Terre (CEMAT). Bien que le détail des secteurs affectés par cette coupe de 850 millions n’était pas encore connu, ce dernier a dit qu’il serait « beaucoup étonné » de voir cette coupe budgétaire « ralentir » le « développement du programme Scorpion ».

« C’est le programme qui a d’emblée attiré l’intérêt de la ministre, qui souhaite faire preuve de souplesse dans l’acquisition des équipements. Et il est vrai qu’en matière d’acquisitions d’équipements, l’armée de terre reste tout de même l’armée la plus ‘agile’ : construire des sous-marins ou des avions, ce sont des programmes qui s’inscrivent probablement plus dans la durée », a alors expliqué le général Bosser.

Entendu par les députés peu après son homologue de l’armée de Terre, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général André Lanata, a également eu à répondre à la même question. « Il est probablement un peu tôt pour vous dire sur quels éléments physiques porteront ces annulations », a-t-il dit.

« Il me semble que le seul agrégat budgétaire susceptible d’absorber un tel abattement est celui des équipements, soit la partie conventionnelle du programme 146, et non pas les munitions », a toutefois expliqué le général Lanata avant d’assurer qu’il serait « particulièrement attentif à certains programmes car il est évident que ces annulations budgétaires auront des conséquences physiques ».

Visiblement, la situation s’est décantée une semaine plus tard. En effet, le 26 juillet, lors de son passage devant la commission de la Défense [le compte-rendu de l’audition vient d’être rendu public, nldr], le chef d’état-major de la Marine (CEMM), l’amiral Christrophe Prazuck, n’a pas coupé à la question sur annulations de crédits.

« La baisse de 850 millions d’euros qui a été annoncée aura certainement des conséquences pour la marine. Nous sommes en train de travailler avec l’État-major des armées et la DGA pour déterminer où faire porter l’effort et minimiser l’impact opérationnel de cette mesure », a-t-il répondu.

« Je suis assez confiant en notre capacité à bien pointer les domaines dans lesquels la baisse des crédits sera la moins douloureuse. Maintenant, je vous ai parlé du vieillissement de mes bateaux et de mes hélicoptères et je considère qu’il faut accélérer le renouvellement de notre flotte pour BATSIMAR et FLOTLOG. Cette baisse de crédits retardera ce remplacement », a expliqué l’amiral Prazuck.

En clair, le renouvellement des patrouilleurs (BATSIMAR) affectés outre-Mer et celui des pétroliers ravitailleurs (FLOTLOG) seraient donc concernés par la coupe budgétaire annoncée en juillet. Et cela, alors que ces programmes ont déjà été reportés à plusieurs reprises au cours de ces dernières années.

Toujours au sujet de cette dernière, l’amiral Prazuck a dit souhaiter que « son impact reste limité grâce à une trajectoire budgétaire ultérieure particulièrement dynamique. » Et d’ajouter : « Nous devrions pouvoir repartir dès 2018, avec une perspective saine et cohérente pour la marine. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]