M. Macron : La « lutte contre le terrorisme islamiste » doit être la priorité de la diplomatie française

« La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments. » Après l’annonce des coupes dans le budget des Armées, ce mot du chancelier Otto von Bismarck est certainement venu à l’esprit de quelques auditeurs du discours prononcé ce 29 août par le président Macron, à l’occasion de la traditionnelle conférence des ambassadeurs.

En effet, fixant la feuille de route du ministère des Affaires étrangères, M. Macron a affirmé que « la lutte contre le terrorisme islamiste » doit être la « première » des priorités de la diplomatie française.

« Assurer la sécurité de nos concitoyens fait de la lutte contre le terrorisme islamiste la première de nos priorités », a en effet déclaré le président Macron, qui a dit assumer l’expression qu’il a employée.

« Oui, je parle bien d’un terrorisme islamiste et j’assume parfaitement l’emploi de cet adjectif. Car rien ne serait plus absurde que de nier le lien entre les actes terroristes que nous vivons et une lecture à la fois fondamentaliste et politique d’un certain islam. L’angélisme n’est pas de mise à cet égard », a fait valoir M. Macron, avant de pointer une « peur de l’islam » qui « confond islamiste et islamique » et qui « tend à embarquer dans le soupçon général les millions de musulmans qui vivent en Europe » sans avoir « aucun rapport avec ces doctrines fanatiques » et cet « obscurantisme assassin ».

Cela ayant été posé, le président Macron s’est attardé sur deux régions : la Syrie et l’Irak d’un côté, la Libye et le Sahel de l’autre.

S’agissant de la première, le locataire de l’Élysée estime que le « retour de la paix » et la « stabilisation » de l’Irak et de la Syrie sont une « priorité vitale pour la France » dans le combat contre l’État islamique (EI ou Daesh). « C’est pourquoi nous devons contribuer à enclencher, notamment en Syrie, une transition politique inclusive où les populations seront justement représentées, et nous investir dans la reconstruction. » Et d’ajouter, en reprenant une expression souvent utilisée par le général de Villiers : « Nous devons gagner la paix dans ces deux pays. »

À propos du dossier syrien, M. Macron a rappelé les deux lignes rouges qu’il a fixées, à savoir le non emploi d’armes chimiques (un point sur lequel des résultats « concrets » ont été obtenus depuis sa rencontre avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à Versailles) et l’accès humanitaire dans les zones de conflit. Il a également évoqué la constitution d’un « groupe international de contact associant les principaux acteurs engagés » en Syrie. Ce dernier, grâce aux « efforts » de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, devrait être opérationnel en septembre et permettra de « donner une nouvelle impulsion au processus piloté par les Nations unies. »

Enfin, alors qu’il n’avait pas fait du départ de Bachar el-Assad un préalable au réglement de la crise syrienne, M. Macron a souligné que la « reconstitution d’un État de droit en Syrie devra s’accompagner de la justice pour les crimes commis, notamment par les dirigeants de ce pays. »

Ensuite, après avoir rappelé la rencontre de la Celle-Saint-Cloud entre le Premier ministre libyen reconnu, Fayez el-Sarraj, et le maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen (rencontre dont les effets doivent être confirmés), le président Macron a affirmé que « notre présence militaire [dans le Sahel, avec l’opération Barkhane, ndlr] n’a de sens que dans le cadre d’une activité politique. »

« Il faut faire d’avantage pour le développement. je compte sur vous pour développer tous les soutiens possibles à cette démarche », a dit le président Macron aux ambassadeurs, avant d’annoncer la nomination prochaine d’un « envoyé spécial pour le Sahel. »

Mais « l’éradication du terrorisme passe aussi par l’assèchement de son financement », a continué le chef de l’État, avant d’annoncer l’organisation, début 2018, à Paris, une conférence de « mobilisation » pour évoquer ce sujet, et d’assurer vouloir « obtenir la transparence sur toutes les forces de financement du terrorisme. »

Sur ce point, M. Macron a insisté sur la nécessité de ne pas « choisir son camp » dans la rivalité qui oppose l’Arabie Saoudite (les sunnites) à l’Iran (les chiites). « Nous n’atteindrons notre objectif qu’à condition de ne pas entrer dans ces grilles de lecture et nous enfermer dans un camp. Certains ont choisi, c’est une erreur. La force de notre diplomatie est de parler à tous », a-t-il plaidé.

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