Boeing abat ses cartes pour ravir à Dassault Aviation la commande de 57 chasseurs destinés à la marine indienne

Ayant de sérieux probèmes de maintenance avec ses MiG-29K et de mise au point avec la version navale du HAL Tejas, la marine indienne a lancé, en janvier, le programme Multi Role Carrier Borne Fighters (MRCBF) afin d’acquérir 57 avions de combat multi-rôles pour son aviation embarquée.

La liste des candidats possibles n’est pas longue, d’autant plus que la marine indienne a des exigences bien précise. Ainsi, l’avion retenu devra être en mesure d’assurer des missions de défense aérienne, de frappes, de reconnaissance et de guerre électronique. Ce qui suppose une capacité d’emport d’armement conséquente ainsi que des capteurs performants comme peut l’être un radar AESA (Active Electronically Scanned Array).

Mais plus encore, le candidat devra en mesure de pouvoir être mis en oeuvre depuis des porte-avions en configuration STOBAR (Short Take-Off But Arrested Recovery) ou CATOBAR (Catapult Assisted Take-Off Barrier Arrested Recovery, avec catapultes et brins d’arrêt). Qui plus est, un point particulier porte sur possibilité de construire ces avions sous licence en Inde, avec des transferts de technologie à la clé.

Trois candidats sont déclarés : le suédois Saab, qui entend proposer une version navale de son Gripen E/F (ce qui revient à mettre au point un nouvel avion, tant les contraintes pour un chasseur embarqué sont exigeantes), le français Dassault Aviation, à qui l’Inde a déjà commandé 36 Rafale pour l’Indian Air Force, et l’américain Boeing, avec son F/A-18 Super Hornet.

Et visiblement, l’industriel américain n’entend pas laisser filer ce marché de 57 avions de combat vers son concurrent français. Ainsi, il a assuré que le Super Hornet n’était pas trop imposant pour les porte-avions (STOBAR) INS Vikramaditya et Vikrant. Mieux encore, il a affirmé que son appareil pouvait parfaitement décoller depuis un pont d’envol incliné.

« Nous avons fait beaucoup de travail de simulation avec la marine indienne pour mieux comprendre leurs besoins et nous assurons que le Super Hornet peut fonctionner sur tous ses porte-avions, sur ceux qui sont en service aujourd’hui comme sur ceux qui le seront à l’avenir », a en effet affirmé Dan Gillian, un responsable de Boeing, au site indien Livefist Defence. Sauf que cela dépendra de l’armement et du carburant emportés… Au passage, Boeing prétend que le coût de l’heure de vol d’un Super Hornet est le moins élevé que celui de « n’importe quel avion de combat de première ligne ».

S’agissant des transferts de technologie, le constructeur américain est apparemment prêt à aller loin puisqu’il propose à New Delhi de construire les avions destinés à l’Indian Navy en Inde. « Nous pensons que le Super Hornet est l’avion le plus avancé que l’Inde pourrait fabriquer », a fait valoir Dan Gillian.

Cela étant, cette annonce n’est pas une surprise : cette offre avait déjà été faite l’an passé, lors d’un déplacement en Inde, par Dennis Muilenburg, le Pdg de Boeing. Mais c’était pour contrecarrer Dassault Aviation, qui n’avait pas encore reçu la commande des 36 Rafale destinés à la force aérienne indienne.

« Nous sommes parfaitement capables de mettre en place une capacité industrielle et des partenariats logistiques en Inde afin de fournir à la Force aérienne indienne à une telle capacité opérationnelle », avait dit M.Muilenburg. « La politique du Make in India du Premier ministre Modi est alignée sur notre stratégie de partenariat industriel », avait-il souligné.

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