Varsovie va augmenter son budget militaire de plus de 45 milliards d’euros au cours des 15 prochaines années

Avec un budget de la défense au montant équivalent à 2% de son PIB, la Pologne est l’un des bons élèves de l’Otan en matière de dépenses militaires. Mais elle entend en faire davantage afin de pouvoir financer les mesures prévues dans son plan appelé « Conception de développement des forces armées à l’horizon 2032. »

Selon ce document, il est ainsi notamment question de doubler les effectifs de ses forces armées (qui comptent actuellement 100.000 militaires) et d’investir massivement dans une défense territoriale, laquelle serait assurée par des milices citoyennes. Ces dernières, qui seront, à terme, fortes de 50.000 combattants, seront formées pour contrer d’éventuelles opérations de déstabilisation russes.

Pour cela, les dépenses militaires polonaises devront être portées à 2,5% du PIB. D’où l’annonce de Tomasz Szatkowski, le ministre adjoint de la Défense, d’une rallonge de 200 milliards de zlotys (environ 47 milliards d’euros) pour les 15 prochaines années. « Ce n’est pas un montant insignifiant », a-t-il souligné, lors d’un entretien donné à l’agence Reuters.

Grâce à cette enveloppe conséquente, le budget annuel polonais de la Défense devrait donc doubler d’ici 2032, passant de 9 milliards à 18 milliards d’euros.

Cependant, cet effort, aussi important soit-il, ne permettra sans doute pas de moderniser les forces polonaises, dont les deux tiers des équipements qu’elles utilisent datent de la période soviétique. Aussi, M. Szatkowski a indiqué qu’il y aurait des « choix difficiles » à faire. Et les forces navales en feront visiblement les frais puisqu’elles pourraient se voir privées de nouvelles frégates. En outre, le programme Harpia, qui porte sur l’acquisition d’un 32 avions de cinquième génération, devrait être repoussé à la seconde moitié de la prochaine décennie.

Ces « choix difficiles » sont notamment dus à la hausse programmée des effectifs des forces armées. Ex-chef d’état-major et ex-représentant de la Pologne auprès de l’Otan et de l’Union européenne, le général Mieczyslaw Cieniuch, déplorait, dans les colonnes du quotidien Le Monde, en juillet, une « une inversion des priorités inquiétante. » Et d’expliquer : « L’augmentation radicale des effectifs de soldats ne devrait pas être une priorité, mais la modernisation et la formation de ce que l’on a. L’une se fera au détriment des deux autres. »

Quoi qu’il en soit, avec la réapparition de la menace dite de la force sur le flanc oriental de l’Otan, la Pologne occupe désormais une place particulière. Elle est « devenue pour les États-Unis le centre de gravité pour tout ce que nous faisons en matière de dissuasion » sur le continent européen, a déclaré, le 14 août, le général Ben Hodges, le commandant de l’US Army en Europe. « Des centaines de soldats américains s’entraînent chaque jour (…) en différents endroits à travers la Pologne en raison de sa situation tellement importante, de la géographie », a-t-il ajouté.

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