L’auteur présumé de l’attaque contre des militaires du 35e RI, à Levallois-Perret, voulait partir en Syrie

Le 23 août, le procureur de la République de Paris, François Mollins, a livré quelques détails sur Hamou Benlatrèche, l’auteur présumé de l’attaque à la voiture bélier qui a blessé 6 militaires du 35e Régiment d’Infanterie, alors engagés dans l’opération Sentinelle à Levallois-Perret, il y a deux semaines.

Blessé lors de son interpellation, le suspect, un ressortissant algérien de 36 ans qui n’était pas « fiché S », ne peut toujours pas être interrogé par les enquêteurs. Cependant, les éléments que ces derniers ont recueillis viennent « étayer (…) le caractère terroriste » de l’attaque contre les militaires, a indiqué M. Mollins.

En effet, si Hamou Benlatrèche ne peut pas répondre aux questions des policiers, ce n’est pas le cas de ses téléphones portables. Et leur analyse, a précisé le procureur, atteste d’un intérêt « certes récent », mais « certain », pour « les organisations terroristes islamistes avec d’éventuelles velléités de départ pour la Syrie », en particulier pour la région d’Idleb, en partie contrôlée par des groupes jihadistes.

D’après les données récupérées, le suspect s’était en effet renseigné au sujet de billets d’avions « Paris-Istanbul » pour un voyage apparemment prévu pour le début du mois de septembre. En outre, il a également effectué des recherches sur « la légitimité dans la religion musulmane de tuer des musulmans ou (…) des mécréants. » Enfin, « une douzaine d’images relatives à l’État islamique ou avec des objets tels que drapeaux, images de dirigeants ou d’idéologues » ont été retrouvées par les enquêteurs.

S’agissant de l’attaque du 9 août, Hamou Benlatrèche l’a soigneusement préparée. Le véhicule qu’il a utilisé (une BMW) « se trouvait place de Verdun à Levallois-Perret le dimanche 6 août autour de 9H, puis après 15H, roulant à très faible allure », a indiqué M. Mollins.

Par ailleurs, il est apparu que le suspect aurait été proche du mouvement fondamentaliste Jamaat al-Tabligh, qui prône une vision ultra-rigoriste et littérale de l’islam. Ainsi, il aurait notamment participé « en 2013 et 2014 à une campagne de propagande organisée par ce mouvement », a précisé le procureur.

Le Jamaat al-Tabligh est un mouvement qui se livre prosélytisme très actif. Apparu en France dans les années 1980, il a été « délibérément toléré par les autorités » car il « pacifiait » les banlieues et les quartiers difficiles en enseignant aux jeunes désoeuvrés une pratique rigoriste de l’islam pour les « remettre dans le droit chemin », a expliqué, à plusieurs journaux, le politologue Gilles Kepel.

Seulement, le chef du groupe jihadiste malien Ansar Dine, Ilyad Ag Ghali, aurait été influencé par des prédicateurs pakistanais du Jamaat al-Tabligh. Le nom de cette organisation a été cité dans l’enquête relative à l’agression d’un militaire au quartier de la Défense, en 2013. Et, à Lunel, elle aurait infiltré la mosquée Al Bara. Or, de nombreux jihadistes français sont partis en Syrie et en Irak depuis cette ville de l’Hérault…

Photo : Visite des militaires blessés le 09/08 par Florence Parly (ministre des Armées) et Gérard Collomb (ministre de l’Intérieur)

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]