Airbus Helicopters redoute d’être le dindon de la farce en Roumanie

En 2015, Airbus Helicopters posa la première pierre d’une nouvelle usine de 10.000 m2 à Brasov, en Roumanie, afin d’y installer une ligne de production de l’hélicoptère H215 (ex-AS332 C1e, une nouvelle version du Super Puma).

Il s’agissait alors de réduire les coûts de fabrication afin de permettre à l’industriel européen de gagner en compétitivité, avec, en ligne de mire, le renouvellement des flottes de pays qui cherchent des appareils éprouvés, rustiques et sûrs. Un tel marché était évalué à près de 3 milliards par an.

Dans le même temps, Airbus Helicopters espérait compter la Roumanie parmi les premiers clients de l’usine de Brasov, qui devait impérativement recevoir une commande « significative » afin de pouvoir sortir les premiers H215 en 2018.

Depuis, l’usine de Brasov a été inaugurée en septembre 2016, à l’occasion d’une visite du président Hollande en Roumanie… Et le gouvernement roumain ne semble pas pressé de notifier un contrat à Airbus Helicopters pour la modernisation de sa flotte d’hélicoptères militaires et civils.

Mieux même : début août, le ministre roumain de la Défense, Adrian Tutuianu, a signé un protocole d’accord avec l’américain Bell Helicopter pour l’achat d’hélicoptères d’attaque AH-1Z Viper qui seraient construits en Roumanie. De quoi inquiéter Airbus Helicopters.

« Nous attendons une annonce visant l’organisation d’un appel d’offres transparent, comme l’exige la législation européenne, qui nous donne l’occasion d’y participer avec le H215 », a expliqué, rapporte l’AFP, Serge Durand, le directeur d’Airbus Helicopters Roumanie.

Les liens de l’industriel avec la Roumanie sont anciens. La société IAR Brasov a ainsi assemblé, sous licence, quelque 300 hélicoptères Puma et Gazelle. Les deux groupes ont ensuite créé, en 2002, une co-entreprise pour assurer le maintien en condition opérationnelle (MCO) des Puma et des Super Puma. Et c’est ce qu’a tenu à rappeler Serge Durant. « Airbus Helicopters est un partenaire loyal de la Roumanie depuis 50 ans et nous nous attendons à être traités comme tels », a-t-il dit.

Seulement, même si ses dépenses militaires devraient atteindre les 2% du PIB cette année et qu’un plan d’investissement de 11,5 milliards d’euros pour la période 2017-2026 a récemment été validé, la Roumanie a d’autres priorités, comme le renforcement significatif de son aviation de chasse (avec l’achat de F-16 d’occasion supplémentaire) et l’acquisition de systèmes de défense aérienne. Sur ce dernier point, Bucarest devrait se procurer des batteries américaines Patriot PAC-3.

Cela étant, et alors que le président Macron est en Roumanie, ce 24 août, Bucarest a fait savoir que la ministre française des Armées, Florence Parly, avait appelé son homologue roumain pour parler des « programmes d’équipement de l’armée roumaine et des perspectives de la coopération industrielle sur la défense. »

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