L’armée libanaise lance l’opération « Aube des Jurd » pour chasser l’EI du Liban

En juillet, le Hezbollah, la milice chiite libanaise, lança une offensive dans la région montagneuse d’Ersal, frontalière avec la Syrie, pour en chasser les combattants du Front Fateh el-Cham (ex-Front al-Nosra, lié à al-Qaïda), qui s’y étaient installés en août 2014.

Et, dans le cadre d’une trève instaurée au bout de 6 jours de combat, 400 jihadistes avec leurs familles et près de 3.000 réfugiés furent évacués vers la Syrie. De son côté, le Hezbollah prit l’engagement de remettre les territoires reconquis dans le Jurd d’Ersal aux Forces armées libanaises (FAL), dont le rôle dans cette affaire fut très limité.

Cela étant, ces dernières ont pris l’initiative d’une nouvelle offensive afin de « nettoyer » deux régions montagneuses libanaises de la présence de l’État islamique (EI ou Daesh). Après quelques jours de préparation, via des tirs d’artillerie et de frappes aériennes menées par des hélicoptères, les FAL ont en effet annoncé le début de lancé l’opération « aube des Jurd » dans les secteurs de Ras Baalbeck et de Qaa, deux localités chrétiennes de la Békaa frontalières de la Syrie.

« Au nom du Liban, au nom des soldats libanais kidnappés, au nom des martyrs de l’armée, j’annonce que l’opération ‘l’aube des Jurd’ a commencé » a ainsi déclaré, ce 19 août, le général Joseph Aoun, le chef d’état-major de l’armée libanaise.

« L’armée affronte les terroristes de Daesh pour les chasser et récupérer le territoire », a ensuite déclaré le général Ali Kanso, le porte-parole des FAL. « Nous n’avons pas peur de Daesh », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse. Mais c’est « l’une des plus difficiles batailles menées par l’armée libanaise », a-t-il souligné.

« L’espace du territoire sous contrôle de Daesh dans le jurd est de 120 km2 et le nombre de combattants jihadistes s’élève à 600 », a précisé le général Kanso. « Durant les deux dernières semaines, nous avons œuvré à resserrer l’étau sur ce secteur où les jihadistes sont retranchés », a-t-il rappelé.

Par ailleurs, le général Kanso a affirmé qu’il n’y avait « aucune coordination, directe ou indirecte » entre l’armée libanaise, le Hezbollah et les forces syriennes. « Nous allons remporter cette guerre quels que soient les sacrifices […] Tout le Liban est avec nous, les habitants de la région nous soutiennent aussi », a-t-il assuré. « Certes, il s’agit de la bataille la plus rude que l’armée ait jamais menée contre les terroristes. Mais nous allons combattre jusqu’au bout, nous allons reprendre tous les terrains de l’EI », a-t-il continué.

La dernière grande opération menée par les FAL remonte à 2007, quand elles ont donné l’assaut contre le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared pour en déloger les jihadistes du groupe radical Fatah al-Islam. Les combats firent 400 tués, dont 168 soldats et 220 combattants islamistes.

Cela étant, même si le général Kanson a réfuté toute coordination, le Hezbollah n’a pas l’intention de rester l’arme au pied puisqu’il a annoncé, de son côté, une offensive contre l’EI, menée de l’autre côté de la frontière, précisément dans le Qalamoun ouest. Et cela, a-t-il assuré, pour « tenir la promesse faite d’éliminer le menace terroriste à la frontière » du Liban.

« Une opération conjointe entre l’armée libanaise d’une part, le Hezbollah et l’armée syrienne de l’autre, serait particulièrement sensible et susceptible de remettre en cause l’aide militaire américaine apportée au Liban, les Etats-Unis considérant le Hezbollah comme une organisation terroriste », a estimé le quotidien libanais L’Orient-Le Jour.

Le 14 août, les États-Unis ont livré 8 véhicules blindés de type Bradley à l’armée libanaise. Et 24 autres doivent suivre dans les prochains mois.

« Ces nouveaux équipements permettront à l’armée libanaise de protéger le Liban, ses frontières et de mener la lutte contre les terroristes », a fait valoir Elizabeth Richard, l’ambassadrice américaine en poste à Beyrouth. « Le soutien des Etats-Unis au Liban est basé sur les intérêts communs des deux peuples. Nous partageons les mêmes objectifs en faveur de la stabilité et la sécurité du Liban et nous pensons que l’armée doit préserver son rôle en ce sens », a-t-elle ajouté.

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