Des jihadistes sous amphétamines à Raqqa?

En juillet, un rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a réfuté l’idée, pourtant largement répandue, d’un usage généralisé de captagon par les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh). Cette substance, surnommée la « drogue de Daesh », est un médicament psychotrope pouvant être utilisé comme un produit dopant.

« Il semble que le battage orchestré autour de cette substance, alimenté par l’absence de données fiables sur le sujet, n’exprime que la jonction de deux phénomènes : le sensationnalisme qui fait vendre et l’irrationnel face à un ennemi incompris », a conclu Laurent Laniel, l’auteur de cette étude [.pdf].

Et d’ajouter : « Le mécanisme à l’œuvre laisse entendre que les attentats-suicide revendiqués par l’EI n’auraient pu être exécutés uniquement par une volonté assumée de sacrifier sa propre vie
au service d’une cause et sans recours à la chimie. À moins qu’en accusant les terroristes et autres jihadistes d’usage de drogue on ne vise, plus ou moins consciemment, qu’à les discréditer, voire les démoniser en leur attribuant une dimension d’inhumanité
supplémentaire ? Quoi qu’il soit, un tel phénomène peut être mis en regard de celui du mythe des ‘hachîchiyyîn’, exprimant la difficulté des sociétés occidentales à penser l’ennemi. »

Cela étant, un autre rapport, publié en novembre 2016 par l’ONG Global Initiative against Transnational Organized Crime, a indiqué que la Syrie abriterait des laboratoires servant à fabriquer du captagon, notamment dans les zones contrôlées par les forces gouvernementales syriennes et le front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra). Sans citer de sources, le document a aussi avancé que l’EI n’était pas impliqué dans la fabrication de cette substance de la famille des amphétamines.

Seulement, à Raqqa, où, depuis le début du mois de juin, les Forces démocratiques syriennes (FDS), formées par les milices kurdes syriennes des YPG et des groupes arabes armés, peinent à progresser face à l’EI, les jihadistes auraient recours à des amphétamines. C’est ce qu’a affirmé le colonel Ryan Dillon, un porte-parole de la coalition anti-EI dirigée par les États-Unis. Cependant, il n’a pas parlé de captagon.

Ainsi, selon cet officier, des combattants de l’EI capturés à Raqqa par les FDS ont présenté des marques et un comportement suggérant qu’ils avaient absorbé des stimulants pour « maintenir leur ferveur meurtrière ».

« Ce sont des signes que nous avons évalués comme correspondant à la prise d’amphétamines », a dit le colonel Dillon, avant de préciser que c’est la première fois qu’il est fait état de tels cas. « C’est un signe de désespoir », a-t-il estimé.

Pour le moment, les FDS ont pris le contrôle d’environ 55% de Raqqa. Et pour le porte-parole de la coalition, il ne faut pas s’attendre à une avancée rapide à court terme car l’EI utilise des engins explosifs improvisés « diaboliquement intelligents » et a recours aux mêmes modes opératoires que lors de la bataille de Mossoul, allant même jusqu’à lancer des contre-attaques meurtrières, comme cela a été le cas il y a quelques jours.

En outre, l’organisation jihadiste a eu le temps de préparer ses défenses, notamment en creusant de « vastes tunnels dans toute la ville. » Et elle « centralise ses opérations depuis l’hôpital central de Raqqa. » Selon le colonel Dillon, elle compterait encore 2.500 combattants de l’EI dans la ville.

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