L’Iran menace de rompre l’accord sur son programme nucléaire

Conclu en juillet 2015 entre l’Iran et le groupe 5+1 (les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne), l’accord de Vienne prévoit de limiter le programme nucléaire conduit par Téhéran à un usage uniquement civil en échange d’une levée progressive des sanctions internationales qui visaient alors son économie.

Cet accord a ensuite été entériné par la résolution 2231, laquelle précise que l’Iran est « tenu de ne pas entreprendre d’activité liée à des missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires » et de « s’abstenir d’effectuer des tirs recourant à la technologie des missiles balistiques, jusqu’au huitième anniversaire de la date d’adoption du Plan d’action ou jusqu’à la date de la présentation par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique, ndlr]. »

Seulement, en dépit de cette condition, Téhéran a effectué plusieurs essais de missiles balistiques. Et, le 27 juillet, l’Iran a même testé un lanceur de satellites, pouvant mettre en orbite des engins de 250 kg et inauguré son premier centre de lancement de satellites dans la province de Semnan.

Et comme la technologie des fusées sert aussi à développer des missiles, les États-Unis, soutenus par la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont de nouveau appelé les Nations unies à prendre des mesures contre Téhéran, estimant que ce dernier essai représentait « une étape menaçante et provocatrice de l’Iran. » Une vision qui n’est pas partagée par la Russie, qui dispose d’un droit de veto au Conseil de sécurité.

Les autorités russes et iraniennes ont en effet une autre lecture de la résolution 2231 dans la mesure où elles estiment que les restrictions qui y figurent ne concernent que les missiles dotés d’une ogive nucléaire. Or, comme l’Iran a pris l’engagement de ne pas se doter de l’arme nucléaire, son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a beau jeu de faire valoir que son pays « ne conçoit pas de missiles pour transporter des choses qu’il n’a pas ».

Du coup, les États-Unis, où, déjà, le président Trump s’est montré très critique à l’égard de l’accord de Vienne, ont pris unilatéralement des sanctions juridiques et financières contre l’Iran, non seulement à cause de son programme balistique mais aussi des activités des Gardiens de la Révolution, accusés de soutenir des groupes classés comme terroristes, tel que le Hezbollah libanais.

« Les États-Unis demeurent profondément préoccupés par les activités pernicieuses de l’Iran au Moyen-Orient qui sapent la stabilité, la sécurité et la prospérité de la région », avait expliqué Heather Nauert, une porte-parole de la diplomatie américaine, avant de dénoncer « le soutien continu de l’Iran à des groupes terroristes tels que le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique palestinien qui menacent Israël et la stabilité au Moyen-Orient »

En réponse, le Parlement iranien a voté, le 13 août, une allocation de 520 millions de dollars (440 millions d’euros) pour financer le développement du programme balistique en cours et le renforcement des activités « extérieures » de la Force Qods, issue des Gardiens de la Révolution, en insistant sur « l’aventurisme » des États-Unis.

« Les Américains devraient savoir qu’il ne s’agit là que de notre première action », a avancé Ali Larijani, le président du Parlement iranien.

Puis, le lendemain, le président Hassan Rohani, réélu en mai, a menacé de quitter l’accord de Vienne, considérant que les récentes sanctions américaines constituaient une violation de ce dernier. « L’expérience ratée des sanctions et de la coercition a mené les précédentes administrations [américaines] à la table des négociations. […] Mais si les États-Unis veulent revenir à ces méthodes, assurément, dans un délai très court – non pas des semaines ou des mois, mais en jours ou en heures – nous reviendrons à la situation [d’avant l’accord] et nous serons plus forts », a-t-il dit, lors d’un discours prononcé devant le Parlement.

« Ces récents mois, le monde a vu que les États-Unis, en plus d’avoir constamment rompu leurs promesses concernant l’accord nucléaire, ont ignoré à plusieurs reprises des accords internationaux et montré à leurs alliés qu’ils n’étaient pas un bon partenaire », a ajouté le président Rohani, dont le pouvoir est limité par celui de l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution islamique.

En attendant, les incidents entre les forces navales américaines et iraniennes continuent dans le golfe arabo-persique (GAP). Jusqu’à présent, il était question de vedettes rapides iraniennes s’approchant d’un peu trop près des navires de l’US Navy croisant dans les eaux internationales de cette partie du monde, obligeant parfois ces derniers à tirer des coups de semonce, comme l’a encore fait récemment le patrouilleur USS Thunderbolt . Mais depuis peu, ce sont des drones iraniens qui viennent pertuber les opérations aériennes du porte-avions USS USS Nimitz.

Ainsi, le 8 août, un drone « QOM-1 » (en réalité un Sadegh-1, susceptible d’emporter des missiles Misagh-2), a gêné la manoeuvre d’un F/A-18 Hornet qui s’apprêtait à apponter sur l’USS Nimitz. Puis, moins d’une semaine plus tard, l’US Navy a fait état d’un incident quasiment similaire, impliquant le même type d’appareil.

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