Le président Trump parle d’une « option militaire » pour le Venezuela

Le bras de fer entre le Parlement vénézuélien, où le centre-droit est majoritaire depuis les élections de décembre 2015, et le président socialiste Nicolas Maduro, « héritier » d’Hugo Chavez, le chantre de la « révolution bolivarienne », a débouché sur une grave crise politique, avec, en toile de fond, une situation économique désastreuse (inflation de 720%, effondrement des recettes pétrolières, pénurie de produits alimentaires et de médicaments, etc).

Face à la contestation, le pouvoir chaviste, fortement « militarisé », n’entend rien céder, allant jusqu’à parler, comme l’a fait le ministre vénézuélien de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez
d’une « situation de subversion intérieure frisant l’insurrection armée ».

Pour contourner le Parlement, qui a lancé une procédure contre lui pour « manquements au devoir de sa charge », Nicolas Maduro a fait élire une assemblée « constituante » à sa main. Dans le même temps, la contestation n’a pas faibli et sa répression a été dénoncée par le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, qui a dénoncé « un usage excessif de la force » par les autorités vénézuéliennes. Depuis avril, 125 manifestants ont perdu la vie au Venezuela.

Quoi qu’il en soit, les orientations prises par M. Maduro ont été vivement critiquées par une partie de la communauté internationale. « L’élection de l’Assemblée constituante a durablement aggravé la crise au Venezuela. […] L’Union européenne et ses États membres ne peuvent par conséquent pas reconnaître l’Assemblée constituante », a ainsi déclaré, le 2 août, Federica Mogherini, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Quant aux États-Unis, ils ont décidé d’infliger des sanctions à M. Maduro, qualifié de « dictateur ». Ce dernier a ainsi rejoint Bachar al-Assad, Kim Jong-Un et Robert Mugabe, le président zimbabwéen. Et d’autres mesures ont ensuite été prises à l’encontre de 8 autres responsables vénézuéliens, pour leur rôle dans la mise en place de cette assemblée constituante, jugée « illégitime ».

« Ce régime est inacceptable et les États-Unis se tiendront au côté de l’opposition (qui se bat) contre la tyrannie jusqu’à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique », a justifié Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor.

Mais le président américain, Donald Trump, est allé encore plus loin. « Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire », a-t-il affirmé, le 11 août, lors d’une conversation avec des journalistes. « Nous avons des troupes dans le monde entier qui sont parfois très loin. Le Venezuela n’est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent », a-t-il ajouté, sans plus de précisions, alors que les forces armées vénézuéliennes sont relativement bien équipées.

Cela étant, le Pentagone a indiqué qu’il n’avait, pour le moment, reçu aucune instruction ou consigne à ce sujet. Mais les responsables militaires et les services de renseignement américains s’inquiètent du sort de l’arsenal vénézuélien, dont notamment celui des 5.000 missiles sol-air portatifs (MANPADS) SA-24 Grinch acquis par Caracas auprès de Moscou dans les années 2000. Le risque est de voir ces armes faire l’objet d’un trafic, ce qui menacerait le trafic aérien commercial si jamais elles devaient tomber entre les mains de groupes terroristes.

De son côté, Caracas a qualifié les propos de M. Trump « d’acte de folie ». En cas d’intervention américaine, « nous serons tous au premier rang pour défendre les intérêts et la souveraineté de notre Venezuela bien-aimé », a lancé le général Padrino.

Les déclarations de M. Trump surviennent après que M. Maduro a dit souhaiter s’entretenir avec son homologue américain. « S’il est autant intéressé par le Venezuela, je suis là, je suis le chef de ce qui l’intéresse », a-t-il dit devant l’assemblée constituante.

La Maison Blanche a confirmé la volonté de M. Maduro, ce dernier ayant sollicité une conversation avec M. Trump le 11 août. Mais sa demande a été refusée.

« Les États-Unis se tiennent avec le peuple du Venezuela face à la répression permanente exercée par le régime Maduro. Le président Trump parlera volontiers avec le dirigeant du Venezuela dès que la démocratie sera restaurée dans ce pays », a expliqué la Maison Blanche, via un communiqué.

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