Campagne médiatique pour appeler la Corée du Sud à se doter de l’arme nucléaire

Dans les années 1970, la coopération militaire entre la Corée du Sud et les États-Unis fut réduite, le président américain, Richard Nixon, ayant en effet décidé de revoir l’engagement de son pays dans cette partie du monde. D’où le lancement d’une politique cherchant à limiter la dépendance de Séoul à l’égard de Washington, avec la modernisation de l’industrie lourde et militaire sud-coréenne et la mise au point de missiles balistiques Yulgok.

Depuis, Washington a réaffirmé son engagement en faveur de la sécurité de Séoul, surtout après le premier essai nucléaire effectué par les Nord-Coréens.

Actuellement, les États-Unis disposent de 28.500 militaires en Corée du Sud, dont 19.000 de la 8e Armée déployés à Yongsan, à 40 km de la zone démilitarisée (DMZ). En outre, ce contingent est doté d’avions F-16 et A-10, lesquels peuvent être renforcés par des bombardiers stratégiques (B-1 Lancer, B-2 Spirit ou B-52 Stratofortress) de la base Andersen, à Guam. Mais surtout, Séoul bénéficie du parapluie nucléaire américain, comme l’avait rappelé, en 2013, Leon Panetta, alors chef du Pentagone.

Pour autant, alors que le ton monte entre Washington et Pyongyang, certains estiment que ce n’est pas suffisant, alors que les forces sud-coréennes ont des capacités significatives pour faire face à leurs homologues du Nord, dont l’équipement est souvent obsolète. D’où l’appel lancé par plusieurs journaux à doter la Corée du Sud d’un arsenal nucléaire, sur fond d’interrogations sur la volonté réelle des États-Unis à défendre Séoul si cela leur vaut d’être menacés par les missiles nord-coréens.

« Le temps est venu d’évaluer les armes nucléaires », a ainsi lancé, dans un éditorial, le quotidien Korea Herald, pour qui la « confiance dans le parapluie nucléaire américain peut être ébranlée ». Aussi, le journal appelle les États-Unis à déployer des armes nucléaires en Corée du Sud, comme c’était le cas jusqu’en 1991, si ils ne veulent pas voir Séoul se doter de son propre arsenal.

Pour le quotidien Chosun, « toutes les options, même celles qui étaient impensables, doivent être mises sur la table » parce que « la catastrophe plane ». Le journal économique Korea Economic Daily ne dit pas autre chose. « Nous devons disposer de nos propres options militaires pour défaire le Nord », a-t-il plaidé, en appelant à instaurer un « équilibre de la terreur ».

Et l’opinion publique sud-coréenne est plutôt favorable à l’idée de doter leur pays de l’arme nucléaire. En 2016, un sondage avait déterminé que c’était le cas pour 57% des personnes interrogées (31% ont exprimé un avis contraire).

Seulement, pour s’engager dans cette voie, Séoul devra revoir ses engagements internationaux, en commençant par se retirer du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et s’en donner les moyens. Sur ce dernier point, le ministre sud-coréen de la Défense, Song Young-Moo, a récemment affirmé que la Corée du Sud était « pleinement capable » de développer une arme nucléaire mais qu’elle ne l’envisageait pas pour le moment. Ce qui paraît quand même très optimiste.

Quoi qu’il en soit, si jamais Séoul prend la décision de se doter d’un arsenal nucléaire, cela crispera davantage Pyongyang, qui trouvera une justification supplémentaire à l’existence du sien. Et c’est sans compter sur la réaction chinoise. En outre, d’autres pays de la région, comme Taïwan et le Japon, ne voudront pas être en reste. Et dire que certains pays membres des Nations unis se sont récemment félicités de l’adoption d’un traité visant à interdire les armes nucléaires…

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