L’État islamique et al-Qaïda représentent toujours une « menace militaire significative »

Il suffit de se pencher sur l’actualité quotidienne pour constater qu’al-Qaïda au Maghreb islamique et ses affiliés sont loin d’avoir été éradiqué au Sahel malgré les efforts de l’opération française Barkhane (ils ont été responsables de 257 attaques, en Afrique de l’Ouest, l’an passé), que les milices Shebab restent influentes en Somalie, qu’al-Qaïda dans la Péninsule arabique maintient ses fiefs au Yémen ou encore que l’État islamique (EI), même s’il est en difficulté en Irak (après la perte de Mossoul) et en Syrie, se développe dans d’autres régions du monde, à commencer par l’Asie du Sud-Est et l’Afghanistan.

Aussi, le dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies mandatés pour suivre l’application des sanctions imposées aux organisations jihadistes n’est pas surprenant. Ainsi, « les groupes État islamique et al-Qaïda ont conservé des capacités d’action importantes au cours des 6 premiers mois de l’année 2017, malgré la pression internationale à leur encontre », avance ce document, dont des extraits ont été cités par l’AFP.

L’État islamique est ainsi toujours en mesure d’envoyer « des fonds à ses militants hors de la zone de conflit » du Levant, notamment en transférant de « petites sommes difficiles à détecter. » Cela étant, ses ressources financières, qui repose toujours sur l’exploitation d’hydrocarbures et de ressources minérales ainsi que sur le prélèvement de taxes et au trafic d’antiquitéssur tendent à se réduire. C’est, du moins, ce qu’avait souligné Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, dans un précédent rapport présenté au Conseil de sécurité.

Selon le groupe d’experts, l’EI continue motiver et de rendre possible des attaques » en dehors du Moyen Orient et il considère toujours l’Europe comme une « région prioritaire » (les attentats commis à Londres et Manchester, par exemple, le démontrent). Idem pour l’Asie du Sud-Est, avec les combats encore en cours à Marawi, dans le sud des Philippines.

Le rapport indique que de plus en plus de mineurs formés par l’EI quittent le Levant. « Leurs expériences, incluant leur participation aux entrainements et à de la violence extrême, comme leur radicalisation (…) réclament une attention particulière et des stratégies », préviennent les experts.

Qui plus est, même si le flux de ses combattants se réduit, l’organisation jihadiste a conservé des capacités militaires importantes. « La résistance de l’EI à Mossoul montre que sa structure de commandement et de contrôle n’a pas été complètement cassée et que le groupe reste une menace militaire significative », estiment en effet les experts.

Quant à al-Qaïda, le rapport note que l’organisation a conservé « des réseaux puissants » en Afrique de l’ouest, en Afrique de l’est et dans la péninsule arabique. Et en dépit de sa rivalité « stratégique » avec l’EI, le document constate que les deux organisations peuvent nouer « des alliances » et établir des « coopérations », ce qui a déjà permis « des mouvements de combattants entre les deux groupes dans plusieurs régions. »

Enfin, s’adressant aux États membres, le groupe d’experts rappelle qu’il leur est interdit de payer des rançons pour libérer des otages retenus par al-Qaïda et l’EI, conformément aux sanctions imposées au deux organisations jihadistes.

Ce rappel n’est pas fortuit : dans son rapport publié en mai, M. Guterres avait signalé que l’EI serait susceptible de « se tourner vers les enlèvements contre rançons, d’autant que des journalistes et des travailleurs humanitaires retournaient dans les régions libérées » en Irak et en Syrie.

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