Le général Lanata sera « particulièrement attentif » aux arbitrages liés à la coupe budgétaire de 850 millions

« Je me suis engagée à ce que les annulations de crédits n’aient pas d’impact sur le fonctionnement des armées en 2017, notamment pour les militaires en opération. C’est donc sur les grands programmes d’équipement que les ajustements seront faits par lissage », expliquait, au Journal du Dimanche, Florence Parly, la ministre des Armées, au sujet des 850 millions d’euros amputé au budget dont elle a la charge.

Seulement, reste à connaître les programmes d’équipement qui seront impactés par cette coupe budgétaire, sachant que tous sont urgents ou pas loin de l’être. Déjà, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser, a indiqué que le renouvellement des blindés dans le cadre du programme Scorpion ne serait pas concerné. Et son camarade de l’armée de l’Air, le général André Lanata (CEMAA) aimerait pouvoir en dire autant.

« Il est probablement un peu tôt pour vous dire sur quels éléments physiques porteront [les] annulations » budgétaires, a dit le CEMAA, lors de son passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale. « Il revient à l’état-major des armées, en liaison avec l’armée de l’air, les autres armées et les autres services du ministère, de déterminer la meilleure équation possible, c’est-à-dire celle consistant à en minimiser l’impact immédiat », a-t-il ajouté.

En tout cas, a prévenu le général Lanata, « en tant que chef d’état-major de l’armée de l’air, je serai particulièrement attentif à certains programmes car il est évident que ces annulations budgétaires auront des conséquences physiques. » D’autant plus que certains d’entre eux sont « particulièrement sensibles pour l’armée de l’air et pourraient être décalés. »

Et ce citer « l’acquisition d’un [hélicoptère] Caracal supplémentaire pour remplacer celui détruit en opération » (et l’armée de l’Air ne dispose plus d’un parc suffisant pour compenser les attritions), la « rénovation des Mirage 2000D », l’acquisition des avions légers ISR, la commande de trois avions ravitailleurs A330 MRTT « Phénix (9 l’ont déjà été), de pods de désignation laser de nouvelle génération supplémentaires ainsi que le « lancement du standard F4 du Rafale. »

« Plusieurs dossiers importants sont devant nous. Les équipes du ministère vont donc réfléchir à la façon de minimiser l’effet des annulations budgétaires sur notre dispositif », a dit le général Lanata. Ce qui laisse supposer que l’armée de l’Air devrait faire les frais, du moins en partie, des annulations de crédits.

Et cela alors que se profilent des ruptures capacitaires, en particulier dans le domaine du renseignement électronique, lequel repose sur deux Transall C-160 « Gabriel », dont le retrait en service est prévu en 2013.

« Ce type d’appareil, « doté de moyens d’écoute électromagnétique, qui recueille des signaux sur les systèmes radar adverses, est extrêmement important pour nous, car c’est à partir de l’analyse de ces signaux que nous sommes en mesure de disposer d’une bonne évaluation des forces se trouvant en face de nous et de programmer nos contre-mesures électroniques, donc d’adapter nos moyens de protection aux systèmes adverses », a expliqué le général Lanata.

Les deux C-160 « Gabriel » doivent en principe être remplacés par des appareils dotés d’une « charge universelle de guerre électronique » (CUGE), dont le programme a été confirmé par la Loi de programmation militaire 2014-2019 actualisée. Seulement, on attend toujours son lancement.

« Il est donc de la toute première importance, j’insiste, de lancer au plus tôt – donc avant la fin de cette année – le programme CUGE (charge universelle de guerre électronique). La LPM ayant été construite sans marge, le moindre décalage crée une nouvelle rupture capacitaire », a prévenu le général Lanata.

Un autre point sensible porte sur le renouvellement des avions ravitailleurs C-135FR, à bout de souffle, après plus de 50 ans de service. « Il est évident que l’âge d’une flotte pèse sur sa disponibilité, pour différentes raisons », a fait remarquer le général Lanata. Cela tient notamment à la disparition progressive de la structure industrielle et à la difficulté de se procurer des pièces de rechange.

« En ce qui concerne les flottes très anciennes comme le C-135, la difficulté vient de ce qu’à chaque fois que nous faisons face à un nouveau fait technique imprévu lié à son vieillissement – comme par exemple une crique sur une voilure, sur un train, sur un cadre –, nous n’avons pas immédiatement la solution de réparation, tout simplement parce que le tissu industriel est passé à autre chose », a expliqué le CEMAA.

Or, comme il l’a souligné, « il n’y a pas d’opération aérienne sans ravitaillement en vol. » D’où l’importance de la commande des A-330 MRTT « Phénix ».

« J’estime que nous prenons un risque excessif avec cette flotte de C-135, car nous ne sommes plus en mesure de prévoir et de maîtriser les conséquences de son vieillissement sur les enjeux essentiels de la dissuasion, de projection de puissance ou de mobilité stratégique », a prévenu le général Lanata. D’où son souhait de voir une « accélération de la cadence de livraison des A330 MRTT, qui doivent remplacer les C-135 », voire plus.

« En dépit de leurs performances améliorées, se pose aussi la question du nombre de MRTT commandés, d’autant que nos opérations démontrent que nous ne disposons pas d’avions de ravitaillement en vol en nombre suffisant pour soutenir nos engagements actuels, ce qui nous conduit à devoir recourir à l’appui de nos alliés, notamment américains », a fait valoir le CEMAA.

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