M. Trump dit préférer écouter des soldats plutôt que ses généraux pour élaborer sa stratégie afghane

 

La nouvelle stratégie américaine pour l’Afghanistan aurait dû être dévoilée le mois dernier. Or, on l’attend toujours. L’une des raisons à ce retard est liée à une réunion entre le président Trump et son équipe de sécurité nationale, tenue le 19 juillet. Selon le compte-rendu qui vient d’en être fait par NBC, le climat a été plutôt tendu.

Ainsi, le chef du Pentagone, l’ex-général James Mattis, avait l’intention de soumettre à M. Trump une nouvelle stratégie reposant sur un renforcement des effectifs militaires américains en Afghanistan à hauteur de 3.900 soldats. Seulement, le locataire de la Maison Blanche a pris tout le monde à contre-pied.

« Nous ne gagnons pas [en Afghanistan]. Nous perdons », aurait commencé par dire M. Trump. « Nous sommes là-bas depuis près de 17 ans [16 ans en réalité, ndlr] et je veux savoir pourquoi nous y sommes depuis 17 ans, comment cela se passe et ce que nous devrions faire en terme d’idées supplémentaires », a-t-il continué. « J’ai entendu de nombreux idées venant de beaucoup de gens, mais je veux entendre celles des gens sur le terrain », a-t-il continué.

Plus tôt, le président Trump avait rencontré d’anciens soldats ayant servi en Afghanistan. Et, manifestement, cela l’a influencé. Ainsi, il a rapporté, devant son équipe de sécurité nationale, que ces derniers lui avaient dit que les forces de l’Otan déployées en Afghanistan s’étaient révélées « peu utiles » et que la Chine profitaient des ressources minières afghanes pendant que les troupes américaines combattaient.

Puis, M. Trump a enchaîné avec une anecdote sur un restaurateur qui avait payé « cher » un consultant pour élaborer un plan de rénovation de son établissement. « Au bout d’un an, a raconté M. Trump, la seule suggestion du consultant était que le restaurant avait besoin d’une plus grande cuisine. » Et d’insister sur le fait que le propriétaire aurait mieux fait de demander l’avis de ses employés, ce qui « aurait peut-être donné un meilleur résultat ».

En clair, pour le président Trump, qui faisait sans doute référence au « Club 21 », qui fut l’un de ses restaurants préférés à New York, [mais qui n’est resté fermé que deux mois, selon NBC], le « meilleur conseil vient de ceux qui travaillent quotidiennement sur le terrain plutôt que de ceux qui s’en tiennent éloignés ».

« Le message était clair : des consultants que l’on paie cher mais qui sont physiquement loin de la source du problème vous donnent souvent des conseils bien pires que les hommes peu gradés qui y sont confrontés », a confié un responsable qui a assisté à cette réunion.

« Il a également regretté cette tendance qui considère que quelqu’un ne sait pas de quoi il parle s’il n’est pas général trois étoiles alors que, dans son expérience des affaires, parler à des travailleurs lui a permis d’obtenir de meilleurs résultats », a rapporté une autre source.

Quoi qu’il en soit, M. Trump n’a pris aucune décision au cours de cette réunion, si ce n’est celle de mettre le général John Nicholson, l’actuel chef du contingent américain en Afghanistan (et de la mission Resolute Support de l’Otan) sur la sellette.

Une autre raison à ce retard concernant la stratégie afghane de Washington est liée à la campagne menée par Erik Prince, fondateur d’Academi (ex-Blackwater), en faveur des sociétés militaires privées (SMP). Ce dernier a l’oreille du premier cercle des conseilleurs de M. Trump, dont Steve Bannon, Jared Kushner et Sebastian Gorka.

D’ailleurs, M. Prince a déjà pris les devants en proposant de mettre à la disposition des autorités afghanes une force aérienne clé en main, c’est à dire mise en oeuvre par la SMP « Lancaster6 ». D’après Military Times, il est question de fournir un soutien aux forces afghanes « en moins d’une heure » ainsi que des moyens de renseignement et d’évacuation sanitaire.

Pour une entreprise privée, Lancaster6 dispose d’une flotte d’aéronefs impressionnante, avec des avions A-4 Skyhawk, T-Bird et An-26 ainsi que des hélicoptères Gazelle et Super Puma.

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