Le nouveau chef d’état-major des armées rend un hommage appuyé au général Pierre de Villiers

Un jour avant l’annonce faite par Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, au sujet de l’effort de 850 millions d’euros demandé aux Armées, le général Pierre de Villiers, alors chef d’état-major des armées, avait donné un entretien au magazine spécialisé DSI.

Après avoir longuement évoqué la nature des menaces (terrorisme et retour des États puissances, lesquels ont des « liens et des ressorts communs qui ne doivent pas être ignorés ») ainsi que la tension opérationnelle que connaissent les forces françaises, le général de Villiers avait alors énoncé ses priorités : assurer la cohérence capacitaire, traiter l’usure accélérée des matériels, avec une priorité donnée au maintien en condition opérationnelle (MCO), renforcer la protection « au regard de la gamme croissante des moyens dont dispose l’ennemi, averé ou potentiel, et « abonder la condition du soldat ».

Et le général de Villiers d’expliquer : « Nos soldats, marins et aviateurs font preuve de prouesses chaque jour pour relever le défi, combattre l’ennemi, affronter les difficultés avec un dévouement et un désintéressement admirables. Il s’agit de soutenir pleinement leurs efforts. »

Sans doute que ces orientations expliquent en partie la coup de sang de l’ancien CEMA quand il a appris que les armées auraient à faire une croix sur 850 millions d’euros, prélevés, comme il est d’usage, sur l’enveloppe dédiée à l’équipement des forces.

Une autre raison peut être trouvée dans les « Macron Leaks », ces courriels de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron publiés par WikiLeaks. Dans l’un des messages portant sur « les 2% du PIB », on comprend que le général de Villiers n’avait pas été convaincu par les premières propositions faites par le candidat d’En Marche avant d’être rassuré par la suite. En outre, l’on y apprend qu’il aurait été plus « en phase » avec la trajectoire budgétaire proposée par François Fillon et qu’il aurait pu « monter au créneau » si M. Macron était resté sur ses positions initiales.

Quoi qu’il en soit, les problèmes de moyens relèvent désormais du général François Lecointre, son successeur. Dans son premier ordre du jour, diffusé le 1er août, le nouveau CEMA a rendu un hommage appuyé au général de Villiers. Un hommage qui tranche avec les propos tenus par Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement…

« Je tiens à rendre hommage à mon prédécesseur, le général d’armée Pierre de Villiers, qui a mis toute son énergie à enrayer le phénomène de fragilisation des armées, conséquence d’une purge budgétaire d’une dizaine d’années liée à l’absence de perception des menaces [souligné par Zone Militaire]. Sa lucidité, son énergie et son infatigable engagement à convaincre le plus haut niveau politique de la dangerosité de la nouvelle ère qui s’ouvrait ont entraîné l’inflexion majeure du redressement de nos armées et du réarmement moral de notre société », lit-on dans cet ordre du jour.

Plus loin, le général Lecointre, qui admet que sa promotion est due à des « circonstances exceptionnelles », écrit qu’il entend poursuivre « ce qui été entrepris » par son prédecesseur, tout en étant « déterminé » à s’inscrire « dans la dynamique volontariste du Président de la République » et à agir « en appui direct de notre ministre ». Et d’ajouter : « Je veux affirmer le positionnement des armées au cœur de leur ministère, consacrer l’efficacité opérationnelle comme principe premier de son organisation et restaurer la responsabilité organique des chefs militaires de tous niveaux. »

Enfin, le général Lecointre évoque le « cap » et la « feuille de route » pour les années à venir, avec la revue stratégique en cours qui doit « aider nos armées à devenir des ‘contemporaines du futur’ par la définition de nouvelles priorités. » Ce qui, poursuit-il, est « essentiel pour bâtir une Loi de programmation militaire cohérente et réussir l’optimisation des capacités opérationnelles des armées. »

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