Quatre soldats français ont été blessés au Mali alors que Mme Parly effectue une tournée au Sahel

« Vous pouvez compter sur ma détermination pour que vous disposiez des moyens nécessaires à l’exécution de votre mission », a déclaré Florence Parly, devant les militaires de l’opération Barkhane, N’Djamena, lors de sa première étape d’une tournée dans la bande sahélo-saharienne. « C’est mon combat, il est moins risqué que le vôtre, bien sûr, mais je veux vous le dire, car vous avez sans doute eu écho de récents débats parisiens », a-t-elle ajouté, en évoquant à demi-mots la démission du général Pierre de Villiers, alors chef d’état-major des armées (CEMA).

Combat moins risqué que celui que mène au quotidien les soldats de la force Barkhane… Mme Parly ne croyait, hélas, pas si bien dire. Le lendemain, quatre militaires français ont été blessés par un engin explosif improvisé (IED) ayant endommagé le véhicule blindé à bord duquel ils circulaient dans le nord du Mali. L’un d’eux a dû être rapatrié en France en raison de ses blessures, a précisé, rapporte l’agence Reuters, le ministère des Armées, d’habitude très discret dans ce type de circonstances.

Mais c’est la ministre elle-même qui a évoqué ce fait devant les militaires français déployés à Niamey pour notamment mettre en oeuvre les 5 drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper de la force Barkhane.

Au Niger, Mme Parly a retrouvé la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen. Une occasion pour afficher une unité de vue sur la stabilité au Sahel et le renforcement de la coopération militaire franco-allemande en Afrique.

Selon la Deutsche Welle, la radio publique d’outre-Rhin, le déplacement de Mme von der Leyen à Niamey visait surtout à renforcer « l’influence militaire de l’Allemagne dans la région et particulièrement au Niger, un pays qui constitue un point stratégique dans la lutte contre le terrorisme.

« Sur les projets qu’on a ensemble dans la lutte contre le terrorisme, on va par exemple amener des camions, des téléphones satellites, des motos pour la mobilité et la communication. On a également discuté du G5 Sahel, la force conjointe qui va être établie et on a discuté comment on peut soutenir cette force conjointe », a expliqué la ministre allemande, après avoir rencontré Kalla Moutari, son homologue nigérien.

La tournée sahélienne de Mme Parly vise également à assurer le soutien de la France à la Force conjointe du G5 Sahel (FCG5S), officiellement lancée le 2 juillet à Bamako, avec 5.000 hommes fournis par le Mali, le Tchad, le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso.

Cette force conjointe doit jouer un rôle que d’aucuns espèrent « essentiel » dans la lutte contre les groupes jihadistes et les trafics qui déstabilisent la bande sahélo-saharienne. Et, visiblement, le président Macron est impatient de la voir à l’oeuvre.

« J’ai assuré le président (Mahamadou) Issoufou du soutien extrêmement fort de la France à cette initiative », a dit Mme Parly, avant de préciser que le « souhait » du président Macon « est que les premières opérations » sur le terrain de cette force conjointe du G5 Sahel « puissent avoir lieu si possible en octobre. »

« Nous sommes convaincus que c’est la force G5 Sahel qui trouvera la solution aux problèmes de la région, même si bien sûr l’opération Barkhane reste aux côtés de cette force G5 », a encore affirmé la ministre française aux côté de Mme von der Leyen.

Si les militaires français appuieront la FCG5S, il n’en reste pas moins qu’il faut encore régler un point crucial : son financement. Évidemment, les 50 millions d’euros promis par l’Union européenne (UE) ne suffiront pas étant donné que le budget nécessaire à son fonctionnement est évalué entre 400 et 500 millions.

Pour la ministre allemande de la Défense, « il faudra trouver d’autres partenaires européens. » Et d’ajouter que « l’Italie, l’Espagne et d’autres ont déjà marqué leur intérêt. »

Quant à la France, elle a déjà promis une contribution de 8 millions d’euros, en plus de son appui militaire. Et Mme Parly a annoncé qu’une conférence des donateurs sera organisée à Berlin, à la mi-septembre, « afin d’abonder les moyens dont disposera la force conjointe G5 Sahel. »

D’après une source diplomatique citée par Reuters, les États-Unis devraient être sollicités. Mais la partie est loin d’être gagnée. « Il faut leur proposer un ‘business model’ qui leur permettrait de contribuer (…) dans un cadre bilatéral. Ils veulent couper dans les contributions aux organisations internationales, mais ils ont plus de latitude en termes de budget d’aide bilatérale, donc il faut trouver une formule », a-t-elle expliqué.

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