La Chine a inauguré, à Djibouti, sa première base navale à l’étranger

L’affaire n’a pas traîné : un an et demi après avoir signé un accord avec Djibouti, la Chine a en effet inauguré, ce 1er août, soit pour le 90e anniversaire de la création de l’Armée populaire de libération (APL), sa première base outre-mer dans cette ancienne colonie française située dans la corne de l’Afrique.

Cette base chinoise, construite entre le port de Doraleh et la zone franche de Djibouti, doit abriter 400 militaires. Mais il se pourrait que ses effectifs soient décuplés d’ici 2026 selon certaines sources. Officiellement, ses missions consisteront à soutenir les opérations navales chinoises dans l’océan Indien et, plus largement, au Moyen-Orient, ainsi que les missions de maintien de la paix des Nations unies. Elle sera également en première ligne dans le cas où il faudra évacuer des ressortissants chinois dans la région.

Mais le choix de Djibouti va au-delà de ces considérations étant donné la place stratégique qu’occupe ce pays, en raison notamment de sa proximité avec le détroit de Bab el-Mandeb, par où passe l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde. En avril 2015, le quotidien The Global Times, lié au Parti communiste chinois, avait expliqué que cette base servirait à appuyer les « missions contre la piraterie et les groupes terroristes » qui sévissent dans cette partie du globe. Sauf que la Chine ne prend pas part, par exemple, à la lutte contre al-Qaïda, présente au Yémen.

Cette base chinoise vient s’ajouter à celles dont disposent la France, les États-Unis et le Japon. Et pour ces trois pays, son inauguration n’est pas sans conséquence.

Lors de son passage devant les députés de la commission de la Défense, le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) a ainsi estimé que cette présence chinoise à Djibouti était « un signe de l’arrivée ou du retour de puissances émergentes ou anciennes sur la scène internationale. »

Et d’ajouter : « Ces puissances cherchent à étendre leur influence, et font preuve d’un intérêt croissant pour l’Afrique, qui ne se limite plus aux seuls produits énergétiques et aux matières premières. C’est un constat très structurant concernant le dimensionnement de notre outil militaire. Cela nous impose le maintien, voire le renforcement de certains de nos prépositionnements pour rester au contact des puissances émergentes. »

Pour rappel, en vertu d’accord revus en 2011, il revient à la France d’assurer la défense de Djibouti.

Quant aux États-Unis, ils voient dans cette base chinoise un risque pour leurs opérations. Ce qu’a balayé le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, dans un entretien donné à Jeune Afrique en avril dernier. « Je sais que cette obsession de la présence chinoise existe. Mais elle est à la fois infondée et unilatérale. Les Chinois n’ont aucun problème à cohabiter avec les Occidentaux à Djibouti, à condition qu’on ne vienne pas constamment espionner leurs installations », a-t-il dit.

Cela étant, la présence militaire chinoise à Djibouti a de quoi préoccuper l’Inde dans la mesure où elle facilitera les opérations navales de l’APL dans l’océan indien, c’est à dire dans son environnement proche. Or, New Delhi et Pékin sont régulièrement à couteaux tirés en raison de différends territoriaux dans l’Himalaya et du soutien chinois à Islamabad.

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