Séoul et Washington discutent d’options militaires après le nouveau tir d’un missile intercontinental nord-coréen

Après chaque tir de missile ou essai nucléaire réalisté par la Corée du Nord, le scénario est toujours le même : ses voisins et les pays occidentaux réagissent et demandent des sanctions au Conseil de sécurité des Nations unies, la Corée du Sud et les États-Unis font une démonstration de force en envoyant des bombardiers stratégiques près de la zone démilitarisée qui coupe la péninsule coréenne en deux, la Chine condamne mais ne fait pas grand chose pour tempérer les ardeurs de son allié et la Russie appelle à la retenue tout en cherchant à améliorer ses relations, notamment économiques, avec Pyongyang.

Et le président américain, Donald Trump, a beau affirmer que la « patience stratégique » à l’égard de la Corée du Nord est terminé, rien n’y fait : Pyongyang continue de lancer des missiles toujours plus performants, en attendant probablement un nouvel essai nucléaire.

Le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, Pyongyang a ainsi tiré, pour la première fois et depuis une rampe mobile, un missile balistique intercontinental (ICBM) Hwasong-14 qui s’est ensuite abîmé en mer du Japon après avoir atteint une altitude maximale de 2.802 km et volé sur une distance de 933 km. Avec une portée potentielle de 6.700 km, en fonction de sa trajectoire, cet engin serait ainsi en mesure d’atteindre l’Alaska.

En réaction, les forces américaines déployées en Corée du Sud et l’armée sud-coréenne ont lancé une salve de missiles sol-sol tactiques ATACM et balistiques Hyunmoo-2A (d’une portée de 300 km). Et, pour faire bonne mesure, deux bombardiers B-1B Lancer de l’US Air Force ont simulé une frappe près de la zone démilitarisée. Mais visiblement, cela n’a nullement impressionné les Nord-Coréens.

Car trois semaines plus tard, rebelote! Signalé dans un premier temps par le Japon et les États-Unis, un nouveau tir d’un missile balistique Hwasong-14 a eu lieu le 28 juillet. Tir qui a ensuite été confirmé par Pyongyang, précisant que le missile – une version améliorée du Hwasong-14 – avait parcouru 998 kilomètres en 47 minutes à une altitude maximum de 3.724 mètres.

L’engin aurait été lancé depuis la localité de Mupyong-ri située dans la province du Jagang, proche de la frontière avec la Chine, dans le nord-ouest du pays.

« Tout le territoire américain est à notre portée de tir (…) n’importe où, n’importe quand », a fanfaronné Kim Jong-Un, le chef du régime nord-coréen.

Ce qui semble exagéré, même si, récemment, le général Paul Selva, le chef d’état-major interarmées adjoint des forces américaines, a admis, lors d’une audition parlementaire, que la corée du Nord avançait « rapidement en direction du développement d’une capacité concernant les missiles balistiques intercontinentaux. » Toutefois, avait-il ajouté, « les Nord-Coréens n’ont pas encore démontré la capacité à guider et contrôler leurs missiles, ce qui serait nécessaire » pour viser précisément une cible. Mais « s’agissant rayon d’action, ils en ont clairement la capacité », avait-il insisté.

Quoi qu’il en soit, ce nouveau tir d’un missile balistique intercontinental nord-corée a suscité les mêmes réactions que précédemment. Le président Trump a déclaré que les « États-Unis prendront les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du territoire national américain et pour protéger nos alliés de la région », la France a appelé à « l’adoption rapide de sanctions additionnelles et fortes » par le Conseil de sécurité, l’Union européenne a poliment demandé à Pyongyang de « s’abstenir de nouvelles provocations qui pourraient accroître les tensions régionales et mondiales » et la Chine a dit s’opposer « aux violations par la Corée du Nord des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU » et espérer que « toutes les parties concernées feront preuve de prudence et éviteront d’intensifier les tensions. »

Quant à la diplomatie américaine, son chef, Rex Tillerson, a estimé qu' »en tant que soutiens économiques du programme nucléaire balistique de la Corée du Nord, le Chine et la Russie portent une unique et spéciale responsabilité dans l’augmentation de la menace pour la stabilité régionale et globale. »

Cela étant, d’après le Pentagone, le général Joseph Dunford, le chef d’état-major inter-armées américain et l’amiral Harry Harris, le patron de l’US Pacific Command, se sont entretenus avec le général Lee Sun Jin, le numéro un des forces sud-coréennes pour évoquer des « options de réaction militaire. » Par rapport aux précédentes réactions aux tirs nord-coréens et à moins qu’il ne soit question de frapper la Corée du Nord, avec toutes les conséquences que cela suppose, ce langage marque une certaine évolution sur la forme mais par sur le fond.

En effet, comme après le tir du 4 juillet, les forces américaines et sud-coréennes ont de nouveau lancé une salve de missiles ATACMS, lesquels peuvent « être rapidement déployés et engagés, et fournissent des capacités de précision de frappes en profondeur, permettant à l’alliance République de Corée/États-Unis d’engager tout un éventail de cibles rapidement dans toutes les conditions climatiques. »

En outre, la Corée du Sud a indiqué qu’elle comptait désormais sur les États-Unis pour accélérer le déploiement, sur son territoire, de système antimissile THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), dont l’installation avait été suspendue pour des raisons liées à l’environnement par le président Moon Jae-in. Mais l’intention évidente de ce dernier, par ailleurs favorable au dialogue avec Pyongyang, était de calmer les protestations de la Chine, qui voit dans ce système une atteinte à la crédibilité de ses forces stratégiques.

Enfin, pour répondre immédiatement dernier tir nord-coréen, l’état-major sud-coréen a annoncé, ce 29 juillet, photos à l’appui, le test réussi d’un nouveau type de missile balistique « capable de détruire les bunkers nord-coréens. »

« Il s’agit d’un nouveau missile balistique considérablement amélioré, disposant de plus de précision et de puissance destructive comparé à ses prédécesseurs », a expliqué le ministère sud-coréen de la Défense. « Il est possible de lancer 4 missiles en une minute sur le même pas de tir », ce qui signifie qu’il est possible de « détruire des cibles d’une façon massive dans un court délai », a-t-il fait valoir.

Photo : KCNA

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]