La République tchèque va augmenter les effectifs de son armée de 30%

Membre de l’Otan depuis 1999, la République tchèque est l’un des anciens membres du Pacte de Varsovie susceptible d’être déstabilisé par la Russie. En tout cas, c’est ce que son service de contre-espionnage, le BIS, a affirmé dans son dernier rapport annuel, publié en septembre 2016, en allant jusqu’à évoquer une « guerre de l’information » menée par le services russes.

Et cela, alors que le président tchèque, Miloš Zeman, qui briguera un nouveau mandat en janvier 2018, affiche des positions plutôt favorables à Moscou. Dans le même temps, le gouvernement issu des élections anticipées de 2013 est formé par plusieurs formations de sensibilité libérale et européenne (ANO 2011, Parti social-démocrate tchèque et parti chrétien-démocrate KDU). Cela pourrait changer à l’occasion du prochain scrutin, prévu en octobre prochain.

C’est donc dans ce contexte que le ministre tchèque de la Défense, Martin Stropnicky (ANO 2011) a annoncé, le 28 juillet, que les forces armées tchèques augmenteront leurs effectifs de 30% d’ici 5 à 7 ans. Actuellement, elles ne comptent que 23.000 militaires alors que la population du pays est de 10,5 millions d’habitants.

« L’armée tchèque compte actuellement parmi les plus petites en Europe par rapport au nombre d’habitants », a donc avancé M. Stropnicky, lors d’une cérémonie à l’école militaire de Brno, pour justifier cette hausse importante des effectifs.

Concrètement, il faudra donc recruter 7.000 soldats supplémentaires, sachant que le « flux » actuel de recrutement est, chaque année, de 1.300 recrues.

Évidemment, cet effort sur le recrutement va de pair avec une hausse des dépenses militaires. D’où l’annonce, faite la veille par Ivan Pilny, le ministre tchèque des Finances, de porter le budget de la Défense de 1% à 1,4% du PIB d’ici 2020. Il s’agira de renouveler une partie des matériels utilisés par les forces tchèques, dont beaucoup ont été hérités de la période soviétique (char de combat et hélicoptères notamment). D’où le feu vert donné, cette semaine, à l’achat de 62 véhicules TITUS (Nexter/Tatra) pour 184 millions d’euros et de 80 véhicules blindés légers italiens (Iveco) pour 169 millions d’euros.

Cela étant, la République tchèque compte une industrie de l’armement assez performante au regard des ventes à l’exportation, lesquelles ont atteint 700 millions d’euros en 2016, notamment grâce à l’avion d’entraînement et d’attaque L-159 d’Aero Vodochody.

Mais là aussi, il faudra que l’industrie tchèque de la défense recrute et forme de nouveaux ingénieurs et techniciens si elle veut maintenir au moins son rang. « Il y a très peu de personnel qualifié sur le marché du travail tchèque. L’industrie de la défense possède beaucoup d’experts dans des domaines très spécialisés qui ont déjà passé l’âge de départ à la retraite. Ma crainte est que nous soyons dans l’impossibilité de retrouver des experts du même niveau lorsque cette génération d’anciens partira vraiment à la retraite », a en effet averti Jiří Hynek, président de l’Association de l’industrie de la défense et de la sécurité.

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