Pour le général Bosser, l’opération Sentinelle « révisée » pourrait encore concerner 9.000 militaires

Lors de son déplacement à la base aérienne 125 d’Istres, la semaine passée, le président Macron a réaffirmé que l’opération intérieure Sentinelle, qui mobilise actuellement 7.000 soldats (plus 3.000 en réserve) serait « révisée » sur la base d’un rapport que lui remettra le général François Lecointre, le nouveau chef d’état-major des armées (CEMA).

Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait indiqué que cette opération serait adaptée « progressivement, en fonction de l’appréciation de la menace terroriste sur le territoire. » Et son entourage de préciser qu’elle n’était pas appelée à « perdurer » et que « ses effectifs et moyens diminueront au fur et à mesure que la menace diminuera. »

Lors de son passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser, a estimé que, « quel que soit l’avenir de [l’opération] Sentinelle », il ne sera pas possible d’échapper à « un déploiement militaire sur le territoire national, sur des sites particuliers. »

« Quand je me rends auprès des soldats engagés dans l’opération Sentinelle, j’interroge longuement les gens du quartier, parfois les touristes… et, dans un endroit fréquenté chaque année par 12 millions de visiteurs […], je constate que la présence militaire rassure les gens », a dit le CEMAT aux députés. « Les Français, dans la rue, me disent, très lucides : ‘Nous savons bien, Mon général, que ce n’est pas l’opération Sentinelle qui nous protégera mais, grâce à elle, nous aurons peut-être une chance de nous en sortir », a-t-il raconté.

Aussi, le général Bosser estime que l’on « n’échappera pas à la présence de quelque 3.000 hommes répartis sur des points clés de Paris. » En outre, selon lui, il faudrait encore « 3.000 hommes en réserve pour monter en puissance en cas de coup dur, n’importe où en France. » Enfin, a-t-il continué, « je souhaiterais qu’une troisième fraction de 3 000 hommes, aujourd’hui encore déployés, soit consacrée à l’anticipation. »

« J’entends que l’on travaille sur les scénarios de crise – tels que définis par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) – comme les prises d’otages de masse, les risques industriels, les risques bactériologiques. Ce n’est pas anxiogène pour les Français qui sont capables de comprendre qu’en nous y préparant, nous nous préparons à assurer leur sécurité », a expliqué le CEMAT.

Au total, donc, l’opération Sentinelle devrait concerner 9.000 soldats (contre 10.000 actuellement). S’agissant des 3.000 militaires qui seraient appelés à se consacrer à l’anticipation, le général Bosser a indiqué que cette dernière « implique d’autres formes de présence sur le territoire national. » Et de préciser : « De nombreux élus me demandent en effet ‘où sont nos soldats?’ Ils s’entraînent dans les camps; mais un peu de présence militaire serait appréciable dans de nombreux endroits en France. »

Cela étant, l’on peut avoir l’impression que les soldats de l’opération Sentinelle jouent parfois les supplétifs pour des missions de sécurité intérieure qui ne relèvent pas de leurs compétences propres, comme cela a été le cas lors des dernières fêtes de Mont-de-Marsan.

Le dispositif de vidéosurveillance (avec le renfort de celui des CRS) « a clairement permis d’éviter que des bagarres dégénèrent. Les militaires Sentinelle ont été aussi déplacés pour sécuriser le parcours entre le centre-ville et Nahuques, et ça a beaucoup aidé », a expliqué Alain Djian, le directeur départemental de la sécurité publique, au sujet des débordements inhérents à ce genre de manifestation.

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